Inutile de réinventer la roue, comme le disent souvent les ingénieurs de l'industrie. L'étrangleur de Pirita est le quatrième opus de la série des enquêtes de Melchior l'Apothicaire, et il présente rigoureusement les mêmes qualités que son prédécesseur, Le glaive du bourreau. Alors, comme je suis intrinsèquement paresseux (vous aurez noté que je ne me suis guère foulé pour mon titre), je vous mets ci-dessous le lien sur la critique du Glaive, tout ce qui y est écrit s'appliquant à l'Etrangleur (y compris le fait que qu'Indrek Hargla parait être injustement méconnu en France en général, et sur SC en particulier, et c'est bien dommage car l'Estonie c'est presque la Scandinavie et il s'en faudrait de peu que le très vendeur label "polar scandinave" puisse s'appliquer à ses romans) :
https://www.senscritique.com/livre/La_glaive_du_bourreau/critique/113513039
Bon, comme j'ai malgré tout un peu le respect du lecteur, je vais tout de même distiller ci-après quelques compléments, spécifiques en quelque sorte. Disons que l'Etrangleur de Pirita se déroule pour l'essentiel dans un monastère, celui de Pirita, régi par les règles de l'ordre de Saint-Brigitte (une sainte suédoise, semble t'il) et que du coup, ce roman est bien plus axé sur une description (sans doute historique, de je n'ai pas vérifié) la vie monacale que sur celle de la vie quotidienne dans la ville de Tallin au moyen-âge. Viennent aussi se mêler à l'histoire les rivalités entre les divers ordres monacaux. Mais ce qui fait ici tout le sel de la situation, c'est que les monastères de cet ordre sont mixtes (rassurons les âmes prudes, les quartiers des femmes et des hommes sont strictement séparés). Du coup, on a affaire à une histoire qui se déroule quasi en huit-clos à l'intérieur du monastère (le coupable ne peut venir de l'extérieur, un peu à la façon d'Agatha Christie) et Hargla nous dépeint à merveille une ambiance lourde de suspicion...et de frustration sexuelle, tout nos bons ecclésiastiques étant bien entendu tenus à la chasteté.
Notons également que les quatre premiers opus sont datés (ce qui est rarement le cas dans les séries de détectives), cela provenant sans doute du goût marqué de l'auteur pour l'Histoire, puisqu'il resitue toujours ses intrigues dans un contexte historique donné. Il y a par contre de nombreuses années d'écart d'un volume à l'autre...Ainsi, le glaive du bourreau se déroule en 1422, et l'étrangleur de Pirita neuf ans plus tard. Et Melchior (et sa famille) vieillissent en conséquence. Impression de lenteur, donc, sur l'ensemble de la série qui - d'une certaine manière - colle bien avec le moyen-âge. Et puis, ça laisse le temps à Melchior d'exercer son vrai métier, apothicaire et ça renforce le côté réaliste du truc.
Et je viens de me procurer, avec une jubilation intense, le cinquième opus, intitulé "Les chroniques de Tallinn". Je suis passé à ma librairie sans trop y croire, et il en restait un exemplaire qui n'attendait que moi. Inutile de dire que je vais enchainer...