Le Moyen-Age a inévitablement façonné l'Europe qui lui doit donc une part de son identité, autant qu'à l'Antiquité. C'est ce que veut montrer cet éminent historien médiéviste par ce titre accrocheur, un tantinet polémique. L'identité paysanne a marqué la construction européenne qui consacre à l'agriculture une de ses principales politiques publiques, l'urbanisation a été conçu progressivement à cette période. Le rôle central et presque fédérateur de l'Eglise est devenu incontournable, au point de devenir une puissance politique, au risque de défier les autorités nationales en train de confirmer progressivement leur autorité au sein d'un système féodo-vassalique. Dans ce dernier, la noblesse y joue un rôle-moteur par une autorité prépondérante, ce qui n'empêche pas l'émergence d'une bourgeoisie marchande, ce que permettent les échanges qui se développent et la multiplication des foires et marchés, comme d'une culture populaire qui complète le mode de représentation et de lien social imposés par l'Eglise.
Le profil de l'Europe est inévitablement marqué par une période aussi longue et des lignes-forces aussi marquées. L'auteur, grand spécialiste, livre ici une démonstration sous forme de réhabilitation d'une époque souvent dévoyée. Cet essai, tout autant descriptif qu'analytique tour à tour, s'avère fort intéressant et porteur de réflexions utiles sur notre passé commun. Il est à méditer, lors des récurrents débats relatifs à l'Europe, loin des poncifs populistes tentés par le repli sur soi, là où l'Europe a détenu depuis presque toujours plus de points partagés que de divergences.