Si je connais de réputation Régis Debray qui est une figure qui a traversé la seconde moitié du vingtième siècle je n'avais encore rien lu de lui. Et là franchement je dois dire que c'était une petite claque.
Cet essai est très court, il est publié par Gallimard dans le but de donner la parole aux gens de lettres sur les événements actuels, miroir de ce qui avait pu se faire dans les années 30 et je trouve l'initiative pertinente. Tout ceci permet de montrer qu'ils ne sont pas tous totalement déconnecté du monde réel, perchés dans une tour d'ivoire à mépriser le bas peuple. En tous cas ce n'est pas le cas de Debray dans cet essai-ci.
Debray s'empare ici de la question européenne sur laquelle je suis très sceptique et j'aurais même tendance à me de revendiquer anti Union Européenne et je dois dire que Debray sait mettre les mots sur ce qui ne va pas dans le projet européen... et notamment cette soumission aux États-Unis.
Il montre comment l'Europe est morte-née, comme elle s'achève en 1945 avant même d'avoir commencée, tout simplement parce que l'Europe n'est à cette époque plus le centre du monde.
L'essai est très clair, percutant et je dois dire que Debray a le sens de la formule et je pense que le « Au vingtième on attendait Erasme, c'est M. Moscovici qui est arrivé » restera et montre bien l'échec total du projet...
J'aime également beaucoup les bons mots autour de l'Europe de la défense, on nous sort certes le coup du letton qui ne va pas vouloir mourir au Mali, mais il pose surtout la question de qui va bien vouloir mourir pour l'Europe alors que de nos jours on rechigne à mourir pour son pays.
Disons que Debray a bien compris le dogmatisme des européistes et l'infaisabilité du projet.
C'est le genre de livre qui fait du bien parce qu'il tranche avec ce que l'on entend d'habitude, qu'il est argumenté, rigoureux et percutant. Et en plus il est très vite lu et ça serait fabuleux que ce genre de petit livre s'échange à la veille des élections européennes afin qu'on évite de continuer sur la voie du vide.