D'une façon qui peut paraître paradoxale, j'ai beaucoup apprécié le livre alors que je ne suis d'accord avec quasiment rien de ce qui y est écrit.
Mais, comment se fait-ce ?
Ce que j'attendais de ce livre, c’est une présentation succincte et rapide de l'existentialisme. Et c'est exactement ce que j'ai eu. Ce court livre, qui, si je ne me trompe pas, reprend le texte d'une conférence donnée par Sartre, m'a permis d'avoir un aperçu d'ensemble de la philosophie sartrienne, et m'a donc fait comprendre que je n'avais quasiment rien en commun avec elle.
Ainsi donc, ce livre a le mérite d'exister, d'être clair, abordable même pas des néophytes en philo comme moi (ce qui n'est pas forcément le cas de tous les textes de Sartrounet), bien organisé, avec des exemples bien choisis et tout et tout. De plus, Sartre n'hésite pas à dire tout ce qu'il doit à Kierkegaard ou Heidegger, ce qui nous permet de savoir où chercher les références.
Bien entendu, j'ai parfaitement conscience qu'un livre d'à peine une centaine de pages ne fait que simplifier une pensée, en élaguant de nombreux détails.
Et donc, son principal avantage est de m'avoir fourni les preuves que je ne suis pas sartrien. Mais alors là, pas du tout.
Selon la terminologie du philosophe, je suis un « salaud de mauvaise foi ».
Je rejette totalement ses arguments selon lesquels, par exemple, il n'existerait aucune morale qui s'imposerait aux hommes en tant qu'hommes. Je n'aime pas sa philosophie d'hyper-individualisme. Je n'arrive pas non plus à appréhender sa théorie selon laquelle, bien que seul et totalement libre, l'homme, dans chacun de ses choix, a une responsabilité envers l'ensemble de l'humanité, comme s'il imposait son choix à tous.
L'homme sartrien me paraît ben seul au monde. Comme s'il ne dépendait pas de parents, d'une famille, d'un milieu social, d'une culture, d'une éducation, etc. Sartre semble balayer tout cela : l'homme est seul, seul à faire ses choix, seul à se construire.
Le fait que je sois une sorte de marxiste chrétien (non, ce n'est pas si paradoxal que ça en a l'air) doit beaucoup faire pour expliquer ma réaction de rejet face à cette pensée. Mais au moins, ça m'évite de continuer dans la lecture de Sartre.