Les enseignements de Don Juan relatent l'initiation du parcours dans une quantique du réel et surtout de l’irréel, car le cerveau reste le grand mystère de la science. L'auteur était-il un magicien ou un romancier fantastique, à cette question, il n'y a pas de réponse. Le volcan littéraire s'insurge et trouve mille défauts, malgré les 28 millions d'exemplaires vendus et des best-sellers à chaque sortie. Les écrits ont marqué l'étendue des références à presque toutes les œuvres traitant, de la science-fiction, de la science, et de la non-réalité.

C'est l'entrée dans l'univers le plus énigmatique de la littérature contemporaine, car Carlos est un étudiant en anthropologie, enfermé dans la réalité d'une Amérique des années 50 dont il est le féroce défenseur, dévoué à une science qui n'autorise aucun mystère, mais qui les explique. C'est ainsi qu'afin d'obtenir son diplôme, il décide d'étudier une tribu Yaki au Mexique, pour une grande aventure humaine au pays de la magie, des Toltèques et des chamans. 10 ans déjà, car c'est en 1968 que le 1er livre est publié, il propose la thèse du voyage initiatique de 1960 à 1965, et sera le seul volume qui parle de drogues.

En Préambule, je précise que la pratique des psychotropes, et j'utilise un mot fort, est de supprimer à l'apprenti la mesure du réel, pour l'emmener dans une autre réalité «hors de ses limites» et c'est toute l'ironie de l'horreur des paradis artificiels qui ne sera, par le génie de l'auteur, qu'une introduction aux 7 livres. Ma pensée engage le sentiment unanime de la France aux usages interdits de «déblocage de sens» qui constituent un grand danger pour la vie. La préface envoie un thème si vaste que ses aspects sont essentiels, le chemin de la connaissance est une route sans retour, mais aussi l'usage des psychotropes sans l'enseignement d'un guide ancestral se révèle mortel «pour le corps et l'esprit». Cette opposition subtile insiste sur la notion d'une entité commune, la voie du cœur. La préface n'est qu'une copie de la narration de l'auteur pour augmenter le désir d'entrer dans son univers mystique.

En introduction l'auteur décrit 1 an passé à la création de l'amitié avec Juan dans les lieux d'initiation, la nature, les amis amérindiens et les légendes mexicaines. En effet le roman démarre par des mots simples tel qu'une discussion sur l'éphémère de l'objet, sa production, le pouvoir que transmet son créateur, son possesseur, mais là encore Juan rigole, tant c'est évident, il décrit le phénomène «comme des jeux d'enfants». Devant le bas niveau de son apprenti, le sorcier indique le besoin d'utiliser un allié «une aide» pour découvrir la «réalité non ordinaire», qui saura répondre à ses questions sur la magie. A cette époque de l'anthropologie, de nombreux ouvrages parlent de l'obsession des continents à découvrir les médecines naturelles, mais un sorcier de l'âge de Juan sait et indique une fois encore, que sans le cœur rien n'est possible. Comme la planète fonce dans ce sens, il consent à guider Carlos, connaissant les profondes lésions causées par cette dimension, il se prépare à tout entreprendre pour que les démons artificiels ne puissent pas vaincre, sans qu'un retour au vrai sens de l'enseignement soit possible.

La 1ère leçon de Don Juan est de démontrer la différence du bien et du mal qu'il appelle «ennemi», il préfère désigner le psychotrope par sa propriété, la puissance, les pouvoirs, les chemins, car les éléments jaillissent sans spécifier la démesure de la pratique. Le talent indiscutable de l'auteur pour la 1ère séance se révèle synchronisé, l’absence de vie, d'émotion ou même de réalité, jusqu'aux vagues douceurs de l'artifice. Puis un retour net et précis «j'avais oublié que j'étais un homme», car la réalité du voyage est bien différente de son rêve. En dépit de la réelle atrocité du 1er voyage, Juan insiste sur l'extraordinaire, car la perception a accepté Carlos. L'initiation va pouvoir commencer, Carlos sent la peur s'intensifier «vous commencez à apprendre». Carlos doit devenir un guerrier car si le 1er psychotrope effraye par ses puissantes lésions, le gouffre va l'emporter. Don Juan prend des termes plus «puissants» pour suggérer 2 alliés psychotropes, une plante poison découverte au XVIIIe, la datura «herbe du diable», et un champignon ancestral dont les émanations remontent à 2000 ans, utilisé par les Aztèques qui le nommaient Dieu, mais connu pour ses vertus en sorcellerie et nommé Nazgul (diable).

Septembre 1961, c'est le moment du rite de la datura, sa cueillette, sa préparation et Carlos «a pris la chope sans réfléchir et a tout bu», pour un moment effrayant de douleur, où tout bascule avec 2 jours de sommeil. Don Juan avoue, «on utilise le datura pour sa puissance, elle est avide comme une femme», ce qui conduit vers la magie, car la plante permet à l'homme de faire l'épreuve de force, un peu comme le superhéros local. Quant à la petite fumée, sa force est la clef qui ouvre la porte aux autres mondes. il décrit l'importance des rituels pour combattre 4 démons et devenir à son tour, «homme de savoir», le 1er la peur, le 2ème la clarté de l'esprit, le 3ème le pouvoir et enfin le 4ème la vieillesse. L'initiation reprend une nouvelle expérience sans boire, ni manger, à la rencontre de l'entité et ses visions, qui auraient pu tuer Carlos de terreur, tandis que les rites décrits par l'auteur décourageront quiconque, tant la préparation aux usages est longue et complexe. Juan durant une autre expérience indique que l'initiation peut débuter, car le rite est plus complexe «la sorcellerie» vient de 2 lézards qui servent d’intermédiaires, vous posez une question aux lézards, puis avec la plante en vous, vous obtenez la réponse dans votre rêve, comme une sorte de «divination».

La culture de la plante est un vrai casse-tête, mais les expériences s’enchaînent, il peut se déplacer physiquement, n'importe où et très vite «voler». Les effets dans sa réalité deviennent une somme de questions impressionnantes, mais Juan l'informe que toutes les divagations ne le mèneront nulle part. La magie opère et le bouquin devient transparent, touchant. Il file vers le 2ème allié, avec un rite plus simple qui plonge dans des pertes d'équilibre, de distance, où la haine prend le dessus, mais guidé par ce chemin mortel à accepter le changement d'univers grâce à la chaleur humaine, quelques rêves et 2 jours de sommeil, des nausées. L'analyse est plus salée, la rationalité de Carlos parait vouée à l’échec et déconcerte le mentor. Carlos demande même, si les gens lui demandent s'il peut les faire essayer, Juan lui répond qu'il y aurait alors de nombreux morts. L’évasion et son principe sont comme un voyage sur la lune, il faut assurer le retour, 2 ans avec Juan et Carlos est convié à 4 jours de chants et d’expériences.

Carlos dans un sursaut de sagesse comprend que l'entité existe avec ou sans lui, au cours d'un voyage infernal où Don Juan lui demande de bien méditer sur la leçon. Carlos renouvelle seul, l'expérience des lézards, puisqu'il commence à penser par lui-même, comme le demande Don Juan, car les conversations s’améliorent sur ce chemin dangereux. L'initiation continue, et l'utilisation des psychotropes se banalise avec des rites plus complexes, mais des sujets plus nobles, jusqu'à la dernière, «cela faisait 3 jours qu'il essayait de me ramener», et qui sonne comme la conclusion de la partie effrayante sur la réalité non ordinaire. Carlos terrorisé décide encore de stopper l'apprentissage, car comme le dit le mentor, il cherche à trouver des explications là où il n'y en a pas, et au lieu de «se laisser aller» dans l'univers artificiel, il pénètre une voie dangereuse, en ayant perdu son âme dans une fissure qui sépare les 2 mondes pendant l'aventure mystérieuse, mettant ainsi fin au 1er volume.

La 2ème partie du livre permet à Carlos, de structurer son analyse selon sa propre vision des expériences et des enseignements, comme un guide immense, pertinent et fort intéressant. On ressent avec un recul agréable son impression de foncer pour atteindre la sorcellerie, la puissance, et puis son cheminement, avoir un mentor. Il est difficile de ne pas admettre que Carlos ne semble pas vouloir bénéficier de l'enseignement, freiné par ses certitudes et sa réalité. Dressé comme un cahier des charges d'embauche, Carlos précise la différence entre l'homme et l'homme de savoir, c'est qu'il possède une aide pour sa puissance. La dépendance aux 2 alliés est un fléau, malgré les dons féminins de la plante, et les dons masculins du champignon. La règle de la survie est inflexible et ses dérèglements entraînent une mort certaine. Puis la réalité non ordinaire, apprendre ses secrets, en acquérir ses sens et ses mouvements, afin de manipuler l'illusion, réelle ou pas.

Carlos assure que les règles du mentor à l'élève sont indissociables de cette étude, car il ne resterait que divagations sans cette règle stricte. On aborde aussi l'absolue rationalité de Carlos, qui ne parle que de règles, de passages, et d'alliés, jusqu'à déclencher 2 phases, comme les états de réalité ordinaire provoqués par Juan, et qui pourtant semble être non ordinaire, et c'est ce choc qui déclenche le changement radical dans l’initiation, l’amalgame des 2 notions. Les explications de cette complexité pour Carlos sont d'établir le lien de l'apprentissage aux 2 formes de réalité qu'il parcourt, car l'apprenti échoue contre la peur, la clarté, s'il échoue sur la puissance et la vieillesse, c'est juste qu'il aura pris le mauvais chemin. Le but est de maîtriser l'une des 2 aides «alliées». Il considère que les états non ordinaires sont une chronologie de Juan comme un lien sur l'ordinaire, qu'il dissocie du rêve, car la frontière entre les 2 n'est finalement qu'une question de comportement. Un sorcier est donc durant l'initiation, appelé à comprendre 2 choses, les mouvements, les déplacements et leurs orientations, avant de passer a l'étape suivante, qui sera la perception.

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le 23 févr. 2023

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