Laissons-nous conter une histoire improbable... Pince-mi et Pince-moi sont dans un bateau, Pince-mi tombe à l'eau, qu'est-ce qui reste ? Pince moi, je rêve ! Je rêve de Pi qui est dans un bateau avec un zèbre, une hyène, un orang-outan et... un tigre du Bengale ! Personne ne tombe à l'eau et Pi ne peut s'y jeter, elle grouille de requins. Qu'est-ce qui pourrait être pire pour Pi ? Voici devant lui des difficultés à l'infini, autant que son nom lui en prédestinait.
Pi est un jeune Indien de seize ans qui immigre au Canada avec sa famille. Hélas, leur vieux cargo, malmené par une tempête pas très pacifique, coule à pic, laissant Pi dans une situation qui va aller de mal en pis. Naufragé accroché à un radeau de sauvetage, tête d'épingle dans l'océan Pacifique, Pi doit organiser sa survie, contre toutes les lois du règle animal. Ce fils de propriétaire de zoo se retrouve la proie de son environnement. Une terrifiante odyssée de près de huit mois commence alors pour Pi...
Yann Martel est écrivain, se dit philosophe et offre avec "L'histoire de Pi" un conte cruel pétri d'aventures et de mal de mer. Aux considérations sur les religions, la condition animale, la domination, le sens de la vie, le sens de la famille, le sens du vent et des marées, il joint une réflexion sur la cohabitation des espèces, sur l'alliance des éléments et la toute-puissance de la nature, hostile à l'homme parce que l'homme lui est lui-même hostile. De ce combat de titans, il ressort de belles choses mais aussi, pour ma part, pas mal d'ennui. J'apprécie pourtant les récits maritimes mais ici, le charme n'a que modérément opéré et je n'ai pas été sensible à la destructuration narrative qui n'apporte au final pas de vraie valeur ajoutée, nuisant même à une forme de suspense qu'une telle aventure laisse supposer.
J'ai parfois été même complètement perdue, en marge de l'histoire. Toutefois, je reconnais que l'auteur a très bien su rendre le désarroi de la solitude sans issue. Désespoir, vulnérabilité et folie sont bien amenés.