Notes éparses, pour le souvenir.
L'Histoire de Tobie et de Sara est une pièce éminemment catholique dans son essence, dans la mesure où cette Moralité a été conçue par Claudel pour insister sur une véritable théologie de l'intercession – réciproque.
Au cours de ses trois actes, assez cryptiques comme souvent dans cette forme de théâtre religieux, nous assistons à l'attraction réciproque de Tobie le vieux et de Sara, dont les prières concertées des deux côtés du désert de l'Irak créent une sorte de lien horizontal qui vient harponner Dieu et presque forcer son intervention, par l'intermédiaire de Raphaël déguisé, pour créer le triangle spirituel attendu et permettre le mariage de la femme et du fils du vieux homme, recréant ainsi, brièvement, le paradis terrestre.
La pièce est assez complexe dans sa reprise épique du livre deutérocanonique. Elle épouse très bien dans son acte II l'intérêt du théâtre à mystère en mettant en scène la pérégrination de Tobie et de l'ange dans le désert, confrontés à l'épreuve du mal puis à la jouissance face à un chœur des arbres du paradis qui chantent une lyrique orientalisante extrêmement poétique et convaincante.
On ne saisit parfois pas tout. Mais c'est une belle pièce de réunion, sur l'importance d'une pratique collective de la foi. On a tendance, plus ou moins à dessein, à l'oublier.