Histoire partiale, réactionnaire, à l'humour assez moisi, où le cinéma est avant tout un business
La collection "Pour les Nuls" a certes toujours été très inégale, mais atteint avec ce volume un sommet dans l'horreur plus ou moins assumée...
Si l'ensemble factuel est solide - et donc utile a priori dans un domaine où les histoires "d'ensemble" ne sont pas si fréquentes -, les partis pris étonnants de l'auteur, consultant versaillais en audiovisuel d'entreprise, finissent par laisser le lecteur plutôt incrédule et vaguement dégoûté.
On apprendra ainsi, au fil des 500 pages, que le cinéma est davantage affaire d'entrepreneurs ("qui ne prennent pas de RTT") que de créateurs, on saura tout sur les mises en concurrence de brevets, sur les choix technico-financiers des grands studios hollywoodiens, voire sur les bonnes affaires immobilières des tycoons,...
On balaiera Eisenstein et Vertov, pour ne citer qu'eux, en un bref paragraphe, car ce n'est après tout que de la "propagande communiste". Et si on versera une larme (de crocodile ?) sur les délétères offensives du maccarthysme à l'égard des très subversifs scénaristes et réalisateurs de l'Hollywood d'après-guerre, ce sera pour noter simultanément le tort causé à l'industrie cinématographique (et à ses profits) par ces agitateurs aboutissant à la syndicalisation d'une grande partie des intervenants... Et les généreuses prises de position de Chaplin d'être raillées au passage...
On ramènera la Nouvelle Vague française à sa juste proportion d'après l'auteur, Godard et Truffaut en tête : celle d'une bande d'agitateurs pré-soixante-huitards, n'ayant après tout jamais réussi à réellement "vendre" au grand public... Et les chefs d'œuvre américains des années 70 (de "Bonnie and Clyde" à "Easy Rider" en passant par "Le lauréat" ou "On achève bien les chevaux") ne sont que les symboles d'une société malade et en déclin, en recherche de "vraies valeurs et de repères"...
Les prises de position du même tonneau, directes ou plus insidieuses, sont légion... Je n'imaginais pas, naïvement, qu'une lecture de l'histoire du cinéma aussi conservatrice, réactionnaire, méprisante vis-à-vis des faits sociaux, et réalisée principalement à travers un filtre du "succès business" pouvait exister... L'auteur et l'éditeur apportent cette preuve, à fuir absolument, que c'est tout à fait possible !