Ben Reich, à la tête d’un puissant conglomérat interplanétaire en perte de vitesse, décide d’assassiner son concurrent. Mais comment faire quand les télépathes sont partout, notamment parmi les forces de police ?
L’homme démoli est avant tout un bon polar. Nous suivons le malfaiteur qui échafaude ses plans diaboliques jusqu’à l’assassinat, avant d’assister aux rebondissements de l’enquête. Car Powell, le préfet de police télépathe, a très vite identifié le coupable. 15 ans avant la naissance de la série télévisée, Alfred Bester anticipe Columbo.
Et ce polar est plutôt réussi. Le suspense fonctionne, les éléments annexes s’assemblent de manière progressive et cohérente, et l’auteur parvient à conserver quelques surprises pour le final.
Quant à la SF, elle sert principalement de décor à l’action. Et un décor qui sent bon la vision du futur très kitsch des années ’50 : safari sur Mars, villa sur Vénus, ordinateur géant à fiches perforées, pistolet à ondes étourdissantes, taxis volants, lit hydropathique (?), alcôves de vi-phone public, … Néanmoins, Bester développe le rôle des télépathes de manière très fine. On pense à Philip K. Dick dès les premières pages, et pas uniquement à Minority Report. Cette manière de pousser les personnages sur des sentiers où la réalité se dérobe sous leurs pas a probablement influencé Dick, qui s’engage d’ailleurs dans une carrière littéraire à l’époque de la parution de L’homme démoli.
Les échanges télépathiques sont aussi l’occasion de belles expériences graphiques qui anticipent la New Wave des années ’60.
L’homme démoli se verra décerner le premier prix Hugo du meilleur roman en 1953. Précurseur à bien des égards, l’ouvrage se lit encore aujourd’hui avec beaucoup de plaisir bien au-delà d’un intérêt historique. Un bel hommage lui sera rendu également par le biais du personnage d’Alfred Bester, inoubliable agent du Corps Psi interprété par Walter Koenig dans la série Babylon 5.
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