La lutte entre un riche criminel et un policier télépathe comme métaphore d'un rêve social impossibl
Justement récompensé par le premier prix Hugo en 1953, ce roman d'Alfred Bester, à partir d'une formidable intrigue policière à rebondissements, mettant aux prises un richissime industriel auteur d'un possible « crime parfait » et un policier télépathe qui le traque avec acharnement, constitue à la fois un tour de force littéraire (étonnant pour l'époque) et une subtile utilisation du pouvoir métaphorique et spéculatif de la science-fiction, dans laquelle le « corps » des télépathes se retrouve porteur d'un rêve de rédemption humaine que les capitalistes « sauvages » ayant réussi refusent au reste de la société pour se complaire dans leur hédonisme individualiste... Une manière de lire les années 1950-2010 à comparer aussi à celle de Cyril M. Kornbluth et Frederik Pohl dans "Planète à gogos"...
Un saisissant détour pour un roman qui porte fort bien ses 60 ans.
On reste rêveur en constatant à quel point le travail fait sur un thème voisin, à partir d'une nouvelle de Philip K. Dick, pour arriver au film "Minority Report", manque cruellement de portée au regard de ce précurseur talentueux.