Le meilleur joueur de la Culture est envoyé dans l'empire d'Azad, un peuple de sauvages et dont tout le système de fonctionnement social et politique tourne autour d'un jeu particulièrement complexe et qui régit la hiérarchie de l'Empire. L'ami Gurgher va devoir se faire une place au milieu de ces brutes et montrer de quoi il -et la Culture- est capable.

Le truc qui m'a bluffé avec "The Player of Games", c'est pas tant que c'est un excellent bouquin, mais plutôt à quel point il est meilleur que le premier tome du cycle. L'un est une lecture un peu poussive dans un univers sympathique, l'autre est une extraordinaire aventure délivrant un message intéressant sans pour autant (et ça c'est très important) vous l'enfoncer dans le crâne avec une pelle.

La manière dont le héros, pur produit de la Culture (une société sans lois ni interdictions, ou humains et robots bénéficient du même statut, ou chacun est théoriquement parfaitement libre), s'intègre au fur et à mesure des pages dans l'univers violent, hiérarchique et hautement sexualisé d'Azad est brillamment rendu. Vraiment, c'est pas quelque chose de facile de bien rendre ce thème de la découverte et de l’adaptation à une culture complètement différente de la sienne, et M.Banks l'a parfaitement réalisé. C'est progressif, c'est fin et quand l'inévitable (qu'on voit venir à des kilomètres, mais c'est normal) arrive, on en vient presque à comprendre le héros.

Le fameux jeu joué dans l'Empire n'est jamais précisément décrit (on devine qu'il s'agit d'un genre de RTS mélangé à un jeu de plateau), ce qui est à la fois normal et dommage. Normal parce que cela laisse une marge de manœuvre à l'auteur pour faire avancer le héros. Dommage parce que d'on est du coup un peu moins impliqué dans le jeu en lui-même et dans les extraordinaires victoires du héros.
Ceci étant dit, inventer entièrement un jeu aurait sans doute été complètement inutile, voir contre-productif. La petite aura de mystère laissée sur le jeu lui permet de garder un certain charme.

Et puis surtout, ce thème de cet empire archaïque qui ne tient encore debout que grâce à ce fameux jeu... non seulement c'est un thème en lui-même passionnant (les liaisons entre jeu et pouvoir, un sujet qui doit pouvoir remplir quelques bibliothèques), mais ce n'est pas simplement quelque chose que l'auteur nous dit et qu'on est prié de croire. Au fur et à mesure des pages, on comprend en même temps que le protagoniste à quel point le fonctionnement du régime est lié à tous les niveaux à ce jeu, ce qui rend la conclusion d'autant plus intense et satisfaisante.

Bref, vous avez compris que j'ai beaucoup aimé ce "Player of Games". Mangez en !
Pelomar
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le 16 nov. 2014

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Pelomar

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