Lettre ouverte à Marc Edouard Nabe,

C'est un exercice périlleux que d'aborder un roman, plus pour son auteur et la réputation qui le précède que pour l'oeuvre elle-même.
Malheureusement, je ne pense pas avoir trouvé le recul nécessaire pour ne juger que votre livre.
Et c'est malheureux en effet, parce que objectivement vous êtes un extraordinaire écrivain, au style unique alliant une érudition certaines à une simplicité jamais simpliste.
Je ne m'attarderai pas sur l'auto analyse quasi systématique et donc d'autant plus grotesque que vous faites de votre propre oeuvre, vous comparant à Céline. Préférant considérer que c'est une façon supplémentaire d'attirer l'attention, presque trop humoristique pour être prise au sérieux.

L'homme qui arrêta d'écrire est une diatribe haletante, puisque sans respiration permise, dans laquelle vous avez su brillamment mettre à nu les chairs d'un monde qui s'invente complexe, qui surestime sa propre réalité, pour mieux ensuite en démanteler les fondations.

Seulement voilà, on termine les six jours d'errance de votre héros dans un Paris miroir du monde, avec un sentiment de lassitude : la polémique à outrance ennuie, surtout qu'elle ne semble cette fois, n'avoir d'autre justification que celle d'un ego malmené.

Il est vraiment regrettable finalement qu'on en soit réduit à ne parler que de vous et non de vos productions, car en définitive vous êtes un polémiste relativement commun. Ainsi, chacun de vos romans se voit accompagné de son traditionnel coup d'éclat, on se souviendra de Au régal des vermines et de la colère de Georges Marc Bénamou, de Une lueur d'espoir dans lequel deux mois après les attentats du 11 septembre, vous expliquiez toute la poésie qui se dégageait de l'effondrement des deux tours. Cette fois c'est le monde de l'édition que vous voudriez tremblant ?!

Il en ressort Monsieur Nabe une impression de déjà-vu un brin redondante, que parachève l'incohérence globale des considérations d'un sophiste polémique qui donnerait ses coups d'épée en aveugle.

Il est toujours navrant de constater qu'un tel talent puisse être ruiné par une réflexion aussi chétive.

Peut-être tout simplement n'avez vous compris de Céline et de Rebatet que ce qu'il ne fallait pas en comprendre ?
madamedub
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le 7 mai 2011

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