Le célèbre philosophe platonicien Alain Badiou fait partie de ces hommes admirables quant à la fidélité en leurs engagements. Il fait partie de ceux qui n'ont pas renié leurs engagements soixante-huitards, qui n'ont pas retourné leur veste au début des années 1980, quand le vent néolibéral s'est levé. Mais voilà, si le retournement de veste en faveur du capitalisme est à déplorer chez beaucoup, l'engagement initial de Badiou pour le maoïsme était une erreur dès le départ, et le philosophe s'acharne à continuer à défendre la version chinoise de la révolution communiste, dans laquelle je veux bien entendre qu'il n'y a pas eu que du mauvais, mais que je refuserai de prendre pour modèle.
Ce livre laisse donc une large place au maoïsme et, notamment, à la révolution culturelle, qui est, je crois, le moment révolutionnaire favori de l'auteur. Mais les infidèles à Mao trouveront toutefois quelques passages intéressants, surtout dans la première petite moitié du livre, avec notamment des considérations sur l'échec qui seront utiles à toute personne qui, se trouvant dans le camp du progrès social réformiste ou révolutionnaire, est habitué aux issues malheureuses. Même s'il y a également un chapitre sur la Commune de Paris, ce sont, de mon point de vue, ces lignes sur l'échec qui peuvent justifier la lecture de ce livre pour les (très nombreux) non-maoïstes.