L'île, premier roman de la journaliste Sigridur Hagalin Björnsdottir, est une dystopie. Dont les thématiques paraîtront familières aux amateurs de fantastique et à ceux qui ont lu par exemple Le village évanoui de Bernard Quiriny ou vu l'excellent film autrichien Le mur invisible. Du jour au lendemain, un pays entier, L’Islande, se retrouve coupé du reste du monde. Aucun moyen de communication ne fonctionne vers l'extérieur. Les avions et les bateaux qui ont quitté le territoire ne donnent plus signe de vie. L'Islande est-elle désormais seule au monde après l'apocalypse ? Le roman n'en dira rien, l'intérêt de l'auteure est ailleurs, dans la façon dont toute une nation réagit, en état d'urgence, revenant à un mode de vie ancestrale, privée de matières premières et d'énergies importées. C'est en ce domaine que le roman est le plus passionnant, dans l'analyse politico-économique et sociale de la situation avec l'émergence d'une dictature, le rejet des populations étrangères (des milliers de touristes sont pris au piège), le retour de la famine et la fuite des villes vers les campagnes. Pour faire court, le chaos règne et les plus faibles et les moins organisés sont voués à la disparition. Le livre évoque quelques destins individuels, au milieu de cette géhenne. Cette partie-là est relativement décevante, ne serait-ce que par sa construction, guère fluide, et la présence de nombreuse ellipses qui rendent la psychologie des personnages assez peu logiques. L'île n'en reste pas moins un roman captivant qui plonge assez profondément, et sans concession, dans les racines et l'âme islandaises. Comme une véritable leçon géographique, historique et sociologique.