Un homme va perdre son père, malade. A sa demande, il va passer quelques jours avec lui sur son île natale, un rocher méditerranéen ensoleillé.
Les descriptions de l'îlot, de la nature brouillonne, rêche et sèche, de la mer aveuglante, des petits villages aux ruelles pentues et des escaliers proches du soleil m'ont rappelé les bons passages de La Vérité sur Marie de Jean-Philippe Toussaint. Sans doute une inspiration.
Mais ce qui est le plus émouvant et le plus juste dans ce livre reste la relation entre les deux hommes. Entre la peur, la retenue et la pudeur, le fils ne sait pas comment accompagner vers la mort ce père-marin qu'il ne connait pas si bien et dont il n'a gardé qu'une image idéalisée. Impossible déchirement du tissu affectif, leur séparation oscille entre espoir et renversement d'autorité : le plus jeune veut obliger l'ancien à rentrer sur le continent pour se faire opérer tandis que le père a accepté sa mort et cherche uniquement à transmettre et vérifier que son fils a bien hérité de sa force vitale.
C'est un court roman dense et solaire, mais irrigué par une lumière d'été si forte qu'elle contient en son centre une tache noire, un obscurcissement presque invisible à midi mais qui devient évident à mesure que le jour décroît, à mesure que le livre s'achève. C'est la mort au travail dans chaque moment de la vie qui est décrite ici ; et ce moment où elle coagule en nous, à l'occasion triste des derniers adieux.
Aurai-je compris et aimé ce livre il y a seulement un an ? Peut-être, car il est bien écrit et son style transparaît même à travers la traduction... mais pas pour les mêmes raisons.