Simplicité du dispositif : une île, un trésor, deux camps.
Admiration pour : ce style rythmé, épuré, qui sait doser humour et familiarité.
Amour pour : cette aventure marine, dont chaque péripétie donne la priorité au PLAISIR du lecteur, esquivant le moralisme.
Stevenson brille à l'exercice difficile d'écrire une histoire simple, sans sacrifier l'esthétique.
Je pourrais aussi parler de ma découverte du personnage de Stevenson, énergumène à la santé fragile, dont la profusion d'idée n'était égalée que par son manque de discipline (avant L'île au trésor il n'avait pas terminé une oeuvre en quinze ans). Mordu de chasse au trésor dans la vraie vie, les historiens s'interrogent toujours sur son déménagement dans les îles Samoa : partait-il à la recherche du trésor des pirates de l'île Cocos ? Les Stevenson n'ont jamais confirmé l'avoir trouvé, mais leur fortune soudaine reste un mystère... Bref, fun guy.
Enfin, un petit mot sur la réception. Malgré le mépris qu'a pu susciter l'oeuvre à la sortie, et la vague condescendance que je devine qu'il suscite encore dans certains milieux (comme la plupart des feuilletons littéraires du 19ème, d'autant plus s'ils étaient adressés à la jeunesse), j'ai bien envie de citer Proust, l'ami de la culture légitime, qui jugeait l'oeuvre de Stevenson "tellement supérieure à la sienne". Et bam.