Bon, je suis peut-être un peu biaisé : j’ai lu ce livre pendant un voyage en Ecosse (je l’ai commencé sur l’île de Lewis!), et en VO (ce qui était assez enthousiasmant). J’ai donc été particulièrement sensible à ses qualités, qui sont tout de même indéniables.

Les descriptions de lieux d’abord. Elles sont très nombreuses, et vraiment travaillées.

On a une vraie attention portée sur les lumières, toujours changeantes, tout en contrastes, et remplissent autant un rôle esthétique que fonctionnel, notamment pour caractériser les personnages (ombre/lumière, tout ça…).

Le vent est au centre du roman également, et j’ai été stupéfié par le nombre de mots en anglais qui servent à en rendre les différentes nuances. Il est toujours là pour accompagner les personnages, que ce soit pour les rudoyer ou les apaiser.

Les paysages enfin. La tourbe qui scintille sous le gel, avec ses couleurs ocres et ses tranchées, les bords de mer sauvage, tout en rocs et en galets (sauf pour Uig et son sable à perte de vue). Une beauté inquiétante qui contribue fortement à l’atmosphère du livre, qui est son gros point fort.

J’ai beaucoup apprécié les flashbacks d’enfance également, qui nous plongent dans un monde entre innocence et sévérité religieuse, et nous apportent un éclairage super intéressant sur cette société insulaire et ses coutumes bien à elle (les enterrements, la place du gaélique, les métiers pratiqués aux différentes époques…). La chasse au guga est décrite dans toute sa brutalité, et constitue un passage réellement épique au coeur du récit.

Pour ce qui est de l’intrigue en elle-même… Bon, disons que c’est un peu too much. Sans spoiler, je trouve que ca va trop loin dans le sordide. On peut créer des rancoeurs avec moins que ça. Là, Fin et Arthair sont victimes d’à peu près toutes les pires choses qui pourraient arriver à un être humain. Du coup on y croit plus trop, on a du mal à s’identifier. Puis ca fait très « histoire de mecs » tout ça. Le personnage de Marsaili est fort, c’est vrai, notamment dans toute la partie « enfance » du livre. Mais bon, c’est quand même aux gars de régler tout ça. Puis le « male (du siècle) gaze » est bien là, les femmes du livre étant décrites bien souvent selon l’attirance ou répulsion qu’elles provoquent chez ces messieurs. Et jsuis désolé mais Fin est un connard, dès les premières 20 pages. Du coup, ben, je l’aime pas, et ça aide pas vu que TOUT tourne autour de lui.

Voilà, des qualités indéniables, mais aussi des défauts un peu rédhibitoires… on aurait été sur du 5-6 sans la magnifique expérience écossaise qui a accompagné la lecture de ce livre.

Gooule
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le 20 août 2024

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