C'est avec un entrain non dissimulé que j'entamais l'île du Docteur Moreau, sans savoir réellement où je mettais les pieds mais avec la certitude que je ne pourrai pas le detester.
Le danger avec ce genre d'entrain est que l'on cours un risque accru de finir avec un amer sentiment de déception. La déception face à l'oeuvre et la déception face aux espoirs que l'on avait.


Bien heureusement, si l'ouvrage suis un court différent que celui que je l'imaginais prendre au file des pages, la déception n'est pas au rendez vous.


J'avais vu il y a bien longtemps l'adaptation avec Thewlis et Brando et n'en gardais que le souvenir d'une oeuvre moyenne, qui ne m'avait pas franchement convaincu. Du reste, ma mémoire l'avait balayé et je lisais donc l'Île du docteur Moreau avec d'autant plus de motivation.
La motivation de la découverte, de l'imaginaire, de la réflexion.


Car ce livre, quoi qu'il puisse se lire avec un oeil purement aventurier, est surtout axé sur la réflexion. Celle sur autrui, celle sur la différence, sur la souffrance, le progrès et la morale.
De fait, cette oeuvre de Wells décevra certainement le lecteur en quête de grandes aventures, de frissons et de cascades, mais réjouira assurément celui qui aime à penser simplement ou profondément sur le monde qui l'entoure.


Car si l'histoire ne fourmille pas d'action à la manière des blockbusters holliwoodiens, elle ne nous plonge pas moins dans les aventures de Prendick, ses angoisses, ses peurs, ses questionnements. Qui, dans un moment d'angoisse, n'a pas vu des choses autour de lui sans réellement les voir ? Qui ne s'est pas fait des montagnes d'une coline alors qu'il marchait seul dans la nuit ou entendait des bruits étranges ? Les courses de Prendick, nous les suivons avec intensité dans cette île perdue, peuplée de créatures étranges.
Son malaise sur l'île et lorsqu'il écrit ces lignes, nous le ressentons comme nous ouvrons les yeux sur des choses qui -comme a lui avant son aventure- nous paraissent banale.
La monstruosité, l'animalité des gens, la soif des instincts et des besoins (car Moreau lui aussi n'est animé que par cela :le besoin d'aller plus loin, de réussir mieux, de découvrir davantage) de l'homme et de l'animal nous sont décrites ici de manière à scotcher le lecteur et à le faire méditer à mesure qu'il tourne les pages et même après. Qu'est ce nous différencie au fond ? Et jusqu'où pouvons nous aller dans notre animalité comme dans notre humanité ?


Bien sur, on pourra regretter quelques passages à vide, un petit manque d'adrénaline par moment, mais cela n'affecte que peu l'oeuvre de Wells qui se dévore en un rien de temps mais nous fait réfléchir bien plus longtemps.


L'île du Dr Moreau est donc le genre de livre que je suis du genre à me reprocher de ne pas avoir lu plus tôt. Comment ai je pu passer à côté si longtemps ?
Et surtout le genre de livre qui me donnent envie de redonner une seconde chance à leur adaptation.


Un très bon ouvrage donc, aux descriptions prenantes, aux personnages étranges et qui offre le plaisir de pouvoir réfléchir et percevoir la vie sous un nouvel angle.

Créée

le 9 juin 2015

Critique lue 248 fois

Gaby Aisthé

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