A partir d'un travail de recherche conséquent dans les archives chinoises ré-ouvertes à la mort de Mao, l'autrice Jung Chang réhabilite la figure controversée de l'impératrice douairière Cixi (Tseu-Hi) en exposant son rôle crucial dans les réformes entreprises au XIXe siècle pour moderniser la Chine. Chang s'efforce de déconstruire l'image décadente, conservatrice et tyrannique que la postérité lui a injustement attribuée, sans pour autant occulter le machiavélisme politique dont Cixi a indubitablement fait preuve, de son coup d’État à l'assassinat de l'Empereur, son propre fils adoptif. Le style par moment romanesque de la biographie et les tentations psychologisantes ont pu me poser problème à la lecture, mais l’œuvre n'en reste pas moins d'une grande richesse, et permet de donner du relief aux événements du XIXe siècle, que ce soit concernant les relations entre la Chine et l'Occident, la révolte des Boxers, ou encore la fin de la dynastie Qing au début du XXe siècle, tout en proposant à la réflexion un portrait de personnage politique d'une complexité fascinante.