J’adore les livres tirés d’un personnage ayant existé et quand il s’agit de tueur en série, c’est encore mieux. Fabio Mitchelli et Maud Tabachnik le font très bien. On va suivre ici les investigations menées par la police russe, le commissaire Viktor Braunstein vient d’être muté ou devrait-on dire rétrogradé dans le petit village de Rostov sur le Don. A peine arrivé, le voici face à une première victime la jeune Hélène Koskas de 16 ans, retrouvée assassinée et mutilée au milieu de la forêt. Très vite on soupçonne un tueur cannibale qui sévit dans tout le pays depuis douze ans.
L’ambiance froide et sombre de la Russie telle qu’on se l’imagine est parfaitement rendue par l’auteure qui sait parfaitement nous expliquer, les conflits, l’histoire et le mythe soviétique en nous donnant une image actuelle de ce qu’est la Russie engluée dans des guerres comme celle de Tchétchénie, stigmatisée par son passé communiste et gangrenée par la corruption. Une trame de fond correspondant parfaitement aux crimes exécutés par celui qu’on surnommera « l’ogre de Rostov ». On aurait pu ne jamais le coincé tant sa vie est bien rangé d’abord professeur, puis ingénieur des chemins de fer, mari aimant, père et grand-père affectueux, un homme au sang-froid imbattable. Les chapitres où il est le narrateur font froid dans le dos et explique à la fois tout ce qu’il y a comprendre chez cet homme et c’est véritablement passionnant. En revanche lorsque la narration est du côté de l’enquêteur, cela m’a laissé un peu sur ma faim l’enquête aurait pu nous donner plus de suspense et d’interrogation alors que j’ai eu le sentiment de suivre une piste relativement simple au final. Mais qu’importe parce que malgré cela je suis resté scotchée à mon livre tant cette Russie se relevant en passant par des dirigeants comme Gorbatchev, Eltsine puis Poutine résistante aux attentats, aux différents trafics humains, à l’alcoolisme, à la corruption, à l’antisémitisme nous donne une image nauséabonde qui a su attiser ma curiosité de bout en bout. Et puis la cerise sur le gâteau c’est quand même le choix du tueur en série et le thème de l’anthropophagie qui donne à ce livre toute la noirceur et le côté folie humaine qui me passionne tant. Bonne lecture.