Le narrateur de ce livre, Bertram Wooster, est un jeune aristocrate anglais écervelé, oisif mais fort sympathique. Lorsqu'il ne perd pas son argent aux courses, Bertie aime traîner à son club, s'empiffrer dans de luxueux hôtels ou s'offrir un petit séjour à la campagne dans les villas de ses riches amis. Ce serait une existence sans nuages si le jeune homme ne passait pas son temps à se mettre dans l'embarras! Avec son meilleur ami Bingo, l'éternel amoureux éconduit, Bertie multiplie les péripéties cocasses. Et quand les jumeaux Eustache et Claude s'en mêlent, tout peut arriver. Heureusement, Jeeves le majordome est là pour veiller sur son maître. C'est non seulement un valet modèle - le genre à servir un thé ni trop chaud, ni trop froid, ni trop sucré, ni trop laiteux - mais aussi un véritable cerveau, un génie de la débrouille qui règle tous les problèmes de Bertie sans se départir de son sang-froid. Alors que son maître possède un franc-parler assez comique et se laisse parfois aller à ses émotions, Jeeves, lui, incarne toute la distinction et le flegme du majordome britannique. Parfait Jeeves ? Pas tout à fait. Il lui arrive d'être un peu maniaque, au point de tyranniser son maître lorsqu’il considère que l’ordre domestique et les règles du savoir-vivre sont en péril : ainsi lorsque Bertie décide de porter des chaussettes violettes, Jeeves s’enferme dans un mutisme éloquent et refuse d’apporter son aide jusqu’à obtenir gain de cause.
C'est dans cet ouvrage (1923) qu'apparaît pour la première fois le duo comique maître/valet imaginé par Wodehouse, un duo destiné à connaître un immense succès outre-Manche. Nous y faisons aussi la connaissance de tante Agathe, véritable dragon qui terrorise son neveu Bertie, et de Sir Roderick Glossop, le psychiatre "spécialiste des nerfs". Tous ces personnages pittoresques reparaîtront dans les autres volumes de la série.
Ce livre n'est ni tout à fait un roman ni un recueil de nouvelles, mais plutôt une série de péripéties liées entre elles. J'ai adoré l'humour "very british" de Wodehouse qui rappelle un peu celui de son compatriote Saki. Le langage et les situations sont franchement drolatiques, et grâce à l'optimisme de Bertie - toujours prêt à prendre la vie à la légère-, cette lecture est des plus divertissantes. N'hésitez plus, "please, meet Jeeves", le domestique que tout le monde rêverait d'avoir!