On le sait, on a droit pratiquement chaque année à un nouveau roman de Stephen King, et ça fait 50 ans que ça dure, malgré l’âge, les accidents et les ennuis de santé ! En 2019, il nous offrait ce roman qui n’est pas son meilleur, ses 1ers romans resteront pour moi toujours ses chefs d’œuvre, (allez, jusqu’à « Bazaar » en 92 et « Jessie » en 93…). Depuis, je le suis plus sporadiquement et c’est vrai que ses histoires me touchent un peu moins avec les années 2000, difficile de surprendre à chaque fois. Ce roman nous raconte l’histoire de Luke Ellis, un gamin surdoué de 12 ans, possédant en plus quelques dons de télékinésie. Il est enlevé par une mystérieuse organisation (gouvernementale ? internationales ???), ses parents assassinés et se retrouve avec d’autres enfants dans un étrange et terrifiant Institut. Chacun de ces enfants pratique la télékinésie ou/et la télépathie. Des médecins et surveillants font sur eux tout un tas de tests et d’expérimentations afin d’augmenter leurs pouvoirs sans qu’on comprenne au départ l’objectif de cette barbarie, le sort du monde semblant en jeu…On peut ne pas adhérer aux pouvoirs surnaturels, aux théories du complot avec lesquels King joue et s’amuse mais il faut lui reconnaître un immense talent de conteur ! On se promet à chaque fois qu’il ne nous aura pas et pourtant, on est embarqué dans cette histoire basée sur un des thèmes centraux de son œuvre : les terreurs et souffrances de l’enfance face à la violence des adultes. Une écriture terrifiante d’efficacité, presque cinématographique, ça n’est pas un hasard si tant de ses romans ont été adaptés au cinéma ou à la télé (avec un bonheur très inégal…). Lors de la fuite de l’Institut, j’ai immanquablement pensé à la scène de fuite des enfants de « La nuit du chasseur» de Charles Laughton, poursuivis par le pasteur démoniaque interprété par un génial Robert Mitchum. Lors de cette scène, King cite lui-même Huckleberry Finn, le personnage de Mark Twain, descendant le Mississippi en radeau. Pendant l’attaque du commissariat, j’ai pensé à « Assaut » de John Carpenter, je ne sais pas si c’est une des influences de King, mais ça m’est vraiment venu à l’esprit. Au moment de la scène finale à l’Institut, il cite le film « Bonnie & Clyde » d’Arthur Penn, en particulier la mort violente du couple, tué par la police. Une des enfants pense elle, à Edgar Poe et la « Chute de la maison Usher ». Quelques-unes des références dont King ne se cache pas, qu’elles soient liées au cinéma ou à la littérature, qui ont construit son œuvre importante (en plus de son imagination débordante !) et qui font qu’on ne lâche pas ce roman jusqu’à la fin. Il n’y a pas à dire, Stephen King est toujours diaboliquement efficace !