Il y a de bonnes choses. Un art tout anglo-saxon du récit documenté (donc crédible), efficace (avec la dose de suspense qu'il faut) ; le portrait de la protagoniste, magistrate de la bonne middle-class dont la froideur se révèle progressivement, en même temps que les fêlures (ce qui en fait un personnage complexe, donc intéressant) ; l'histoire, qui questionne habilement (ou feint de questionner) quelques certitudes d'aujourd'hui : est-on bien certains que notre mode de vie éclairé (athée) vaille mieux que l'obscurantisme religieux ou ce qu'on juge comme tel ?
Pourquoi ça ne fonctionne pas vraiment au final : le cœur de l'histoire est trop faible, d'où multiplication de récits secondaires (d'autres affaires jugées par la magistrate) qui n'ajoutent rien ; le personnage masculin, trop faible lui aussi (à tous les sens du terme) et caricatural ; un manque d'idées (là où on aurait pu rêver de grands développement dostoïevskiens, la question de la foi opposée à la rationalité tourne court, comme si c'était déjà bien assez d'avoir exposé un point de vue aussi arriéré que celui des témoins de Jéhovah au 21ème siècle). D'où de surprenantes longueurs dans un roman aussi court, pour nous amener à un dénouement certes habile mais guère approfondi (notamment, la scène du concert donné par la magistrate, interminablement étirée, avec moult lieux communs sur la musique qui feront sourire tout musicien, même modestement amateur comme moi).
En bref, c'est pas mal, comme lecture de plage, de train. Chef d'œuvre, virtuose, comme on a lu dans la presse, non, I don't think so.