Au moins c'est plus ou moins clair...
La première partie du livre raconte de manière semi fictive, semi réelle, la relation que Paul Auster a eu avec son père, être qu'il n'a jamais vraiment connu ni compris.
C'est une espèce de sentiment de deuil, long et douloureux qui démontre de par la plume sublime d'Auster, le processus que le lecteur a de s'identifier aux sentiments de ce jeune homme qui ne sait pas très bien où se situer avec ce deuil. Accepter ce deuil signifierait en effet le laisser partir pour de bon et comprendre que les objets font éloge d'une personne disparue mais jamais, n'expliqueront cette absence.
Première partie magnifique, à en pleurer même tant il y a des formulations parfaites, un sens du rythme et de la narration carré et précis, bref très belle première partie.

La deuxième partie dans un autre style d'écriture, Paul Auster met en scène - même si évidemment c'est plus que clair entre les lignes que c'est lui - un narrateur qui a pour but d'écrire un livre de "la mémoire".
Pour cela, il va prendre ses références de vie, ses auteurs préférés et tenter de les faire parler pour en tirer une substantifique moelle qui lui permettra de comprendre en fil, ce qu'est la mémoire humaine.
Et là le bât blesse un peu plus. On ne se sent pas autant pris comme dans la première partie, même si évidemment cela reste admirablement bien écrit, le fait à une distanciation très marquée entre le narrateur et le lecteur.
Faire intervenir également une tonne de personnes qui parlent d'eux et d'anecdotes semblant un peu futiles, on peut vite décrocher.
C'est dommage car cette deuxième partie plus laborieuse a de quoi susciter des interrogations tant la qualité semble différente...ou plutôt, pourquoi ne pas avoir séparé le livre en 2 tomes? Même si dans l'absolu cela ne changerait rien il est vrai.

En tout cas, très beau livre sur le deuil, sur la relativité de ce que nous sommes, sur la mémoire, sur les sentiments d'exclusion et de la vie finalement assez solitaire que nous avons tous...
Aeneman
7
Écrit par

Créée

le 2 févr. 2014

Critique lue 386 fois

1 j'aime

Aeneman

Écrit par

Critique lue 386 fois

1

D'autres avis sur L'Invention de la solitude

L'Invention de la solitude
vladfromlyon
10

Un des plus beaux textes que je connaisse sur la relation père/fils

Un livre sur la mort du père et la naissance de l'écriture, sur le hasard objectif et ce qui nous conduit (thème récurrent chez Auster), sur l'amour aussi, et l'argent. À mon sens, avec "La...

le 1 oct. 2010

3 j'aime

L'Invention de la solitude
evilwa
8

La mort selon Paul Auster

"À l’homme la mort prend son corps. Vivant, l’individu est synonyme de son corps. Ensuite il y a lui, et il y a sa dépouille. On dit : “Voici le corps de X”, comme si ce corps, qui un jour a été...

le 5 juin 2018

2 j'aime

L'Invention de la solitude
OhNoemie
8

La mémoire et ses dédales

Difficile de parler de roman tant ce premier livre de Paul Auster est complexe. La première partie se lit de façon assez naturelle, c'est un beau portrait de son père avec ce qu'il faut...

le 12 juil. 2018

1 j'aime

Du même critique

Beyoncé
Aeneman
9

Yoncé

Le voilà le disque pop de l'année. Exit les concurrentes et co, Beyoncé démontre qu'elle a les meilleurs producteurs pour composer son disque et qu'elle a surtout une voix excellentissime (as...

le 19 déc. 2013

10 j'aime

Tomorrow's Harvest
Aeneman
9

Merveille musicale du monde.

Après une écoute attentive pendant plusieurs jours, une affirmation est sûre: Boards of Canada a réussi à dépasser d'un cheveu, le chef d'oeuvre que je croyais indépassable, "Music as the Right to...

le 8 juin 2013

8 j'aime

1

Fat, Sick & Nearly Dead
Aeneman
7

Juice your life

Depuis quelques années, la tendance au "tout naturel" est de plus en plus présente dans nos sociétés. Les différentes crises alimentaires, n'ayant pas aidé: crise de la vache folle, aliments...

le 27 août 2013

7 j'aime