Au moins c'est plus ou moins clair...
La première partie du livre raconte de manière semi fictive, semi réelle, la relation que Paul Auster a eu avec son père, être qu'il n'a jamais vraiment connu ni compris.
C'est une espèce de sentiment de deuil, long et douloureux qui démontre de par la plume sublime d'Auster, le processus que le lecteur a de s'identifier aux sentiments de ce jeune homme qui ne sait pas très bien où se situer avec ce deuil. Accepter ce deuil signifierait en effet le laisser partir pour de bon et comprendre que les objets font éloge d'une personne disparue mais jamais, n'expliqueront cette absence.
Première partie magnifique, à en pleurer même tant il y a des formulations parfaites, un sens du rythme et de la narration carré et précis, bref très belle première partie.

La deuxième partie dans un autre style d'écriture, Paul Auster met en scène - même si évidemment c'est plus que clair entre les lignes que c'est lui - un narrateur qui a pour but d'écrire un livre de "la mémoire".
Pour cela, il va prendre ses références de vie, ses auteurs préférés et tenter de les faire parler pour en tirer une substantifique moelle qui lui permettra de comprendre en fil, ce qu'est la mémoire humaine.
Et là le bât blesse un peu plus. On ne se sent pas autant pris comme dans la première partie, même si évidemment cela reste admirablement bien écrit, le fait à une distanciation très marquée entre le narrateur et le lecteur.
Faire intervenir également une tonne de personnes qui parlent d'eux et d'anecdotes semblant un peu futiles, on peut vite décrocher.
C'est dommage car cette deuxième partie plus laborieuse a de quoi susciter des interrogations tant la qualité semble différente...ou plutôt, pourquoi ne pas avoir séparé le livre en 2 tomes? Même si dans l'absolu cela ne changerait rien il est vrai.

En tout cas, très beau livre sur le deuil, sur la relativité de ce que nous sommes, sur la mémoire, sur les sentiments d'exclusion et de la vie finalement assez solitaire que nous avons tous...
Aeneman
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le 2 févr. 2014

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Aeneman

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