Pour échapper à la condition qu'il craint devoir subir, Samir se fait passer pour Samuel, le jeune Arabe décide de devenir son ami juif pour mieux réussir dans le monde judiciaire new-yorkais, où il devient Avocat. Il épouse une Juive, Nina, dont il a deux enfants. Mais, en raison d'un transfert d'argent à destination de son frère, son destin bascule, et sa véritable identité est démasquée. La descente aux enfers commence : il est soupçonné de subventionner des activités terroristes et de fomenter des actions d'une telle nature sur le sol américain.
Les sentiments se mêlent, dans un climat de grande violence, psychologique surtout, et quelque peu physique également. La tension lié à la perception des races et à leurs relations tisse l'intrigue de ce roman. La fin, que je me garde bien de livrer ici, ouvre une lueur d'espoir.


Je ne vous cache pas que cette lecture a été rude. L'idée qui a généré ce livre est forte, intéressante. Mais aucune concession n'est faite dans son traitement, tout y apparaît tranché, vif, sans ambages. Le style est direct, sec, empruntant assez souvent à l'oralité, pour transcrire la rapidité des événements, l'impulsivité des pensées et des conversations. Il lui arrive même d'être relâché, par l'emploi de barres obliques, ou "flashes" (le signe /), pour séparer les éléments de l'énumération, en lieu et place de virgules.
C'est le passage de cette auteure à la Grande Librairie, sur France 5, qui m'a donné envie de passer le pas. Dans cette même émission, était également invité Sabri Louatah, venu présenter le troisième opus des Sauvage. Elle ne manque pas de charme, s'exprime bien et de manière pause.
Globalement, je n'ai pas regretté cette découverte, et l'intérêt du concept m'a été confirmé à la lecture. Ce roman n'est pas sans m'avoir rappelé L'Adversaire, d'Emmanuel Carrère, inspiré d'un fait divers réel, basé sur un mensonge énorme, d'ordre professionnel, et adapté au cinéma, avec Emmanuelle Devos et Daniel Auteuil ; et, dans les deux cas, j'ai ressenti la même chose, une attirance pour l'intrigue mêlée d'une gêne face à la faille psychologique qui mène à la violence.
Il vaut la peine, mais il faut avoir l'estomac bien accroché.

Créée

le 21 sept. 2018

Critique lue 165 fois

Critique lue 165 fois

D'autres avis sur L'Invention de nos vies

L'Invention de nos vies
Shonagon
2

(Très) Prétentieux

En ce qui concerne l'intrigue, c'est simple, il est absolument impossible d'y croire, même en faisant un effort. Il faut vraiment être un adepte de l'autosuggestion pour se laisser embarquer sans...

le 22 sept. 2013

6 j'aime

7

L'Invention de nos vies
Sedgewick
10

Critique de L'Invention de nos vies par Sedgewick

Jusqu'où un mensonge peut-il nous mener? C'est tout l'objet de ce roman de Karine Tuil. Dans l'invention de nos vies, l'auteure nous emmène à la rencontre de Samir Tahar, un homme qui, en apparence,...

le 20 sept. 2013

4 j'aime

L'Invention de nos vies
Le_blog_de_Yuko
7

L'invention de nos vies

C'est de la rencontre entre ces trois univers que provient la déflagration de leurs vies : une rencontre, un souvenir, une désillusion. Trois destins liés par le mensonge, l'espoir et l'extravagance...

le 13 mai 2014

2 j'aime

Du même critique

Conte d'été
AlexandreKatenidis
9

Un beau tiraillement amoureux

Gaspard, jeune homme ténébreux, arrive à Dinard, pour passer des vacances dans une maison prêtée par un ami, où doit le rejoindre Léna, sa petite amie. Il fait tout de suite la connaissance de...

le 18 juin 2018

7 j'aime

Vivre avec nos morts
AlexandreKatenidis
9

Comment vivre son deuil

Cette ministre du culte retrace son expérience dans l'accompagnement des familles en deuil. Pour cela, elle énonce les questions formulées de manière inéluctable dans ce cas, les blocages et les...

le 15 juil. 2021

6 j'aime

Alias Caracalla : Mémoires, 1940-1943
AlexandreKatenidis
9

Un monarchiste rentré en Résistance - Prix Renaudot 2009

Ce jeune monarchiste maurrassien, apprenti journaliste, est abattu par l'armistice signé par Pétain et rentre en Résistance. L'entrée en matière a de quoi faire frémir. Cet extrêmiste, porté par son...

le 20 sept. 2018

6 j'aime

2