Jankélévitch montre que la conception linéaire et progressiste (dommage) du temps est la condition de l'irréversible. Il a le mérite de partir des sentiments et même si ses réflexions restent souvent en surface le livre se vaut comme une typologie très exhaustive sur le sujet, qui fait de lui un superbe recueil de voyages dans le temps, bien qu'il ne cesse de juger selon des critère proprement modernistes des qualités pathologiques de telle ou telle délectation sentimentale. Et puis faire de la nostalgie le goût du regret pour l'amalgamer avec le dandysme anti-politique de la mélancolie c'est un peu fort de café (pour rester dans le registre de l'amertume) ; alors qu'il démontre ensuite qu'on peut faire une topographie des espaces nostalgiques, comme quoi il s'agit bien d'une émotion, non d'un sentiment.