J'avoue que je suis partagée entre l'idée qu'il faut élever le niveau général et l'idée qu'un texte devrait toujours être compréhensible par la plupart... Je ne crois pas que mettre des mots en grec ancien non traduits (ni par l'auteur, ni par l'éditeur) ou décliner une racine à l'infini dans une même phrase élèvent le niveau. Cela rend au contraire le texte indigeste et peut décourager ceux qui n'ont pas pris LV3 philo-pour-l'élite.
L'intérêt est-il de se gargariser de tournures, de références, de termes et d'expressions que le commun des mortels ne comprendra pas ? La philosophie doit-elle être réservée aux universitaires qui citent Platon en grec ancien de tête ? Personnellement j'ai étudié la philosophie à l'université (et donc le grec ancien), et pour être honnête, sur la forme, j'ai trouvé ce livre indigeste ! J'ai d'ailleurs mis, à raison de quelques pages par jour en parallèle de mes autres lectures, un an et demi à finir ce livre !
J'aimerais savoir qui lit un tel livre sans griller un neurone ou deux ? Pour moi, ce genre de style nuit à la culture et à l'éducation en confirmant que la philo c'est prise de tête et qu'avec une émission de Hanouna on se détend mieux après le boulot (je ne cherche à stigmatiser personne mais je trouve la télé "divertissement-diversion" assez tragique).
Mais bon, passons, c'est peut-être moi qui ne suis pas assez éduquée pour comprendre un style qui sera limpide pour d'autres.
Pour ce qui est du fond, en revanche, j'ai trouvé ça complet et pertinent. Ce livre a répondu à mes attentes et m'a apporté de nouvelles pistes de réflexion sur ce sujet qui me passionne. La nostalgie étant un thème qui résonne en moi, je cherchais un livre qui irait en profondeur et qui analyserait le mécanisme par lequel on regrette, à un moment donné, un passé qui nous paraît avoir été plus doux, plus agréable que notre présent.
Dans ce livre, l'accent est mis sur l'irréversible plutôt que sur la nostalgie à proprement parler (abordée à la fin et dans son sens premier, c'est-à-dire comme regret du lieu). Cela prend tout son sens si l'on considère que la "perte" d'un lieu ou d'un temps passé irréversible est à l'origine du sentiment de nostalgie, mais j'aurais volontiers lu quelques pages supplémentaires sur la nostalgie elle-même et les émotions qu'elle fait naître en nous.
J'avoue que ce n'est pas demain la veille que je vais me replonger dans un livre de Jankélévitch (sans pour autant me mettre à regarder Hanouna hein :) ). Après avoir lu "Penser la mort" (dont le style ne m'avait pas particulièrement choquée), je m'étais dit que je lirais "La mort", mais finalement je vais peut-être attendre un peu et explorer d'autres horizons...