C'est ainsi que Pasolini décrit l'action de Mère Teresa en Inde, une chose noble et impossible à réaliser, tout l'inverse de l'Inde....
Récit lyrique du voyage de Pasolini en Inde, ce petit livre raconte à ces lecteurs l'Inde et les Indiens tels que Pasolini les voit, les comprend et comme l'indique le titre du livre, les sens.
Parce que, effectivement l'auteur ne nous décrit pas ce pays de manière naturaliste, il ne rentre jamais dans les détails et reste souvent vague sur les informations qu'il nous donne. C'est vrai, je l'avoue, c'est dommage pour un récit de voyage. Mais après quelques pages, l'on se rend bien compte que le but de Pasolini n'est pas une étude scientifique de l'Inde mais simplement un recueil des sentiments de l'auteur. De la grandeur absolue du Taj Mahal à la pitié qu'imposent les lépreux, ce sont ces choses qui créent la substance poétique du livre.
C'est indéniable, Pasolini déteste l'Inde, sa crasse, ses maladies, sa lèpre, sa malaria, sa pauvreté et toutes ces immenses villes faites de bidons. Mais, il aime profondément les indiens, leur simplicité, leur couleur, leur sourire ainsi que tout ce que forme la complexité de l'identité indienne, à mi-chemin entre Hindouisme, Islam et Christianisme.
Cette dichotomie du livre, créé à son début, une certaine interrogation, Pasolini chérirait-il les conséquences dont il haïrait les causes ? Dieu ce moquerait-il de lui ?
Mais c'est de cet oxymoron de 150 pages que vient l'intérêt du livre. Tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir, le gris domine, y compris chez Pasolini.