"Pourquoi est-ce qu'il y a écrit CONNARD sur son front ?"
Le début de l'Œil de la Lune est à chialer d'horreur : l'auteur t'y explique dans un flash-back fadasse toute l'origine du Bourbon Kid, son traumatisme qui l'a fait devenir maychant, badass et sensible au bourbon, lui ôtant toute sa substance classe et inquiétante. Depuis Indiana Jones 3, on n'avait pas pleuré autant devant l'indigence du traitement du personnage.
Une fois ces cent pages à se taper contre les murs, l'auteur repart enfin sur quelque chose dans la lignée du Livre Sans Nom. On a toujours incrusté dans sa mémoire le traitement pitoyable qu'il vient d'infliger au Kid, mais ça lit déjà mieux. Pas passionnant, ça prend son temps pour se mettre en place, mais ça se lit et c'est l'essentiel.
Ces arcs scénaristiques tendus comme un string coincé entre les deux belles fesses de Jessica, il relâche toute la rage, la violence, le pulp, le talent littéraire qu'on trouvait dans son Livre Sans Nom, avec une simplicité admirablement fascinante. Plus fort, il réussit à intégrer le flash-back pourri du début dans son histoire, donne de l'épaisseur à son Kid et justifie toute sa démarche dans un final ahurissant.
Rien que ces cent dernières pages rattrapent une main dans le dos les cent premières. Et c'est ça qui est bon : de passer d'un extrême à l'autre et d'être prêt à rebouffer ce début minable parce que c'est entièrement justifié. La suite, putain !