Jacques Spitz expose ici son délire macabre/sci-fi où Jean, un artiste peintre à la dérive d'à peine 30 ans, se retrouve avec le nerf optique infecté par les bacilles qu'un aide de laboratoire tenant le rôle de savant fou (Dägerloff) aura concocté dans un but assez obscur qui ne sera révélé que tard dans le récit.
Ces bacilles prenant effet, je le rappelle, sur le nerf optique octroient à leur victime la capacité de voir les objets dans leur état futur. Non pas de voir le monde du futur, mais de voir les objets présents tels qu'ils le seront plus tard. La place dans le futur qu'occupe ce "plus tard" grandit au fur et à mesure du récit, Jean voit de plus en plus loin dans le futur. Si l'idée de base est alléchante, j'ai trouvé la façon dont elle est traité pour le moins décevante. La réaction du héros est faiblement kafkaienne car à part la stupeur initiale, dès les premiers jours le monsieur s'habitue vite et accepte son sort comme une fatalité. De plus, j'ai un peu douté de la rigueur scientifique ou philosophique (si l'on peut parler de rigueur dans ce dernier cas) de ces visions si l'on fait exceptions du constat de départ "je vois les objets là où ils sont mais tels qu'ils le seront plus tard" car on peut se poser la question "qu'est ce qu'un objet" sinon un agencement d'atomes, et si le héros voit les objets à leur endroit, il n'y a pas de raisons que les particules de matières le composant changent de places. Enfin cela m'a dérangé mais je ne pense pas que l'auteur se soit arrêté à ce genre de considération.
Divertissant par son idée originale, un peu plat dans le récit de fond, mais se lit vite et avec plaisir.
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