Malgré ses 520 pages et son poids conséquent, ce livre donne de bout en bout l'impression d'être le monologue d'un bon pote qui s'est lancé dans une explication qui le passionne (et qui maîtrise son sujet).
Et c'est réellement passionnant !
Je n'y connais pas grand chose dans la façon dont on fait des films, mais je me suis sans mal laissé entrainer dans les termes techniques et les parallèles via le prisme du travail de Fincher (et parfois d'autres également). Tout cela est accompagné d'explications suffisantes pour saisir l'idée générale, sans que cela ne devienne chiant, abscond ou pédant.
On explore ainsi des myriades de techniques, astuces, parallèles et ironies qui construisent l'horlogerie d'un film de Fincher. Parfois ce sont des faits tirés de commentaires audio ou d'interviews, parfois ce sont des théories de l'auteur, dans tous les cas des pistes de réflexion ou d'approfondissement intéressantes, voire drôles.
L'une des grosses différences avec d'autres bouquins sur Fincher (Mind Games par exemple) est que Scruter la Noirceur ne passe pas d'un film à l'autre en suivant la filmographie chronologique ; chaque chapitre est centré sur un "thème", faisant appel aux différentes œuvres selon la pertinence du sujet. Cela fait certes beaucoup d'allers-retours, mais je trouve que c'est beaucoup plus pertinent pour analyser les obsessions et lubies du natif de Denver et comment cela s'infuse dans sa filmographie.
Il y a pas mal d'illustrations et j'ai bien apprécié qu'elles soient dessinées. De bêtes screenshots auraient peut-être donné un côté plus froid au livre. J'imagine qu'il y a des histoires de droits derrière ce choix également, mais ça participe néanmoins à la personnalité du livre. Là aussi oeuvre de quelqu'un de passionnée (la fille de l'auteur) chaque dessin véhiculant très bien le mood de la scène dont il est tiré.
Je ne suis pas spécialement fan de Carpenter (en dehors de The Thing), mais assez tenté de jeter un œil au précédent ouvrage du même auteur maintenant. Et ThirdEditions confirme, s'il le fallait encore, la qualité de ses publications, même au-delà du jeu vidéo.