La femme et le pantin

« L’ombre chinoise » (1932), écrit à 29 ans par Georges SIMENON (1903-1989) est le 13e roman (sur 75 + 28 nouvelles) dont le commissaire Jules Maigret est le personnage principal. Il a fait l’objet de 5 adaptations télévisuelles [britannique, italienne (avec Gino Cervi) et française (avec Jean Richard puis Bruno Crémer] entre 1961 et 2004. L’action se déroule place des Vosges à Paris où, au n°61 (numéro fictif car la numérotation s’arrête à 28), est tué d’une balle (de 6,35 mm) en pleine poitrine, Raymond Couchet (45 ans), codirecteur du laboratoire pharmaceutique, « Les sérums du Dr Rivière ».

Le titre, qui est aussi celui du 1er chapitre, fait référence, d’une part, au corps de Couchet mort, visible à travers une vitre dépolie, depuis la rue et d’autre part, à Mme Martin à sa fenêtre et qui donne sur le bureau de Couchet. Georges Simenon connait bien la place des Vosges puisqu’il y a habité entre 1924 et 1928 au n° 21. Même si des personnalités y ont vécu, elle devait être plus populaire entre les deux guerres mondiales, ce que décrit le romancier. Contrairement à d’autres policiers de la littérature, Maigret dénoue les enquêtes en s’imprégnant de l’ambiance et en analysant la psychologie des personnages. Pas d’interrogatoire poussé, pas de garde à vue, que de l’observation. Ici, personne ne roule sur l’or, à part Raymond Couchet et sa seconde femme : les uns, tirent le diable par la queue, s’abrutissent dans les paradis artificiels, les autres ressassent la médiocrité de leur situation et leur ressentiment vis-à-vis des proches ou des occasions ratées. Un terreau fertile au passage à l’acte...