Euh...
Je ne suis pas d'accord du tout avec une grande majorité d'avis ici et ailleurs. Si l'histoire est sympa (mais classique, et linéaire), il manque le talent d'écriture. Il y a un côté très laborieux...
le 23 déc. 2017
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Commençons par les points positifs : l'univers (un Moyen-Âge occidental mêlé de fantasy) est au premier abord assez intrigant, il est amusant de voir comment l'auteur a réadapté l'histoire du royaume de France pour y mêler des elfes et d'autres créatures fantastiques, rappelant ainsi les romans de Jean-Louis Fetjaine. Le chapitre d'introduction, qui raconte comment le bâtard de Kosigan exécute un de ses contrats d'assassinat laisse présager un personnage dans la veine de Benvenuto Gesufal, un type revenu de tout et sans scrupule qui compense la supériorité de ses adversaires par la triche et le mensonge. Le roman se déroule pendant un tournoi aux enjeux internationaux et les intrigues s'y résolvent aussi bien lors des joutes que dans l'ombre, ce qui en fait l'endroit rêvé pour un mercenaire comme le bâtard.
L'écriture elle n'est pas particulièrement époustouflante (surtout quand la promotion du roman le compare à Jaworski) mais elle n'est pas non plus catastrophique, elle fait son office de page-turner, ménageant de nombreux rebondissements et des situations inextricables dont le héros arrive malgré tout à s'extirper grâce à sa ruse, sa force ou sa chance. Si les personnages masculins sont assez bien campés, même s'ils correspondent à des archétypes assez classiques (brute épaisse aveuglée par sa rage, prince cynique ou comte machiavélique), les personnages féminins sont terriblement clichés.
Et c'est là où le bât blesse. L'auteur se complait dans des descriptions terriblement misogynes (la description des femmes se réduit généralement à leur rang social, leur chevelure et leurs seins), empreint d'un sexisme extrêmement condescendant, quand il n'est pas tout simplement ridicule. Sur la dizaine de personnages féminins avec lesquels interagit le bâtard de Kosigan, seulement deux ne semblent pas attirées par ses charmes : une princesse (que l'on découvre être lesbienne) et une chevalière. Et quand elles succombent à ses charmes, il faut lire comment elles sont décrites pour y croire ! La description de damoiselle Gwenaëlle par exemple donne l'impression d'assister à un fantasme masturbatoire d'adolescent avec ses lèvres humides ou pincées et ses seins qui se déplacent librement sous sa tenue moulante.
Si encore ce n'était qu'une question de description physique, que l'auteur voudrait émoustiller un peu son lecteur, ça serait pardonnable, mais il fait aussi preuve d'une violence et d'une cruauté incroyable envers ses personnages féminins. Dùn, une des membres de la troupe du bâtard, est belle et gracile mais son visage et son corps sont défigurés par l'acide que des inquisiteurs lui ont jeté dessus. Et par dessus ça le pouvoir de transformation qu'elle possède lui provoque des souffrances incroyables d'os qui se disloquent et dégage des odeurs méphitiques. Un autre exemple parlant est celui de Dame Georgine de Gloucester : on apprend l'existence de cette femme plus tôt dans le récit parce que le bâtard a manigancé de manière à ce qu'elle se marie avec le Prince Noir, afin de punir ce dernier. Et le bâtard l'a choisi particulièrement pour sa laideur, histoire de bien se moquer de ce queutard de Prince (déjà la misogynie tranquille). Lorsqu'on l'a rencontre finalement, la description qu'en fait l'auteur est celle d'une femme cruelle et mauvaise, grosse, laide et lesbienne, motivée uniquement par une jalousie possessive. Un dernier exemple ridicule est celui d'une comtesse elfe qui n'aime pas le Bâtard, mais qu'il arrive tout de même à emballer en quelques minutes après être entré par effraction chez elle et l'avoir complimentée en la comparant à sa fille...
Là où les personnages masculins sont en demi-teinte et suivent des intérêts propres qui les amènent à s'associer ou non au bâtard, les femmes se distinguent en deux catégories, les love interests d'un côté, toutes belles et séduisantes et les autres.
Au final ce manque d'empathie pour les personnages féminins de la part de l'auteur dessert terriblement le roman et ménage beaucoup de moments gênants. Fabien Cerutti cite Georges R.R. Martin comme influence principale, il ferait bien de prendre exemple sur ce dernier et de traiter à égalité ses personnages masculins et féminins et ne pas réduire ces dernières à des paires de seins offertes au héros.
Créée
le 24 sept. 2017
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