Je ne lis pas beaucoup de livres hors cinéma (une dizaine par an), mais je voulais lire celui-là, ne serait-ce que pour comparer au film de Kubrick, et pour savourer le talent d'écriture de Anthony Burgess, et pour ce dernier point, je n'allais pas être déçu du voyage.
Linguiste de son état, l'auteur a crée un langage spécifique au héros du livre, le Nadsat, mélange entre du russe et de l'argot. Au début, c'est très difficile à comprendre, car le style fait que, comme l'esprit dérangé d'Alex, ça part dans tous les sens. J'avoue avoir décroché à plusieurs reprises au début car je ne comprenais vraiment rien. Et puis, en persévérant, on s'y accroche, et on s'y fait, car ce langage est comme Alex ; unique, déconcertant, et ô combien anticonformiste.
D'ailleurs, il y a un lexique en fin d'ouvrage pour comprendre certains mots.
Le livre est une constante dystopie sur un monde en proie à la violence et au cynisme, et où les manières de résoudre les problèmes de la violence sont d'éduquer les jeunes par la violence afin de les rendre dociles. Je ne sais pas si ce futur est prémonitoire, mais Burgess écrit avec plus de 50 ans d'avance un monde très proche du monde.
C'est vraiment un bouquin passionnant à lire, parfois difficile d'approche à cause de la langue déployée, mais en le parcourant, je ne pouvais m'empêcher de le comparer au film de Kubrick.
En fait, le réalisateur a su trahir intelligemment le livre, car si les différences sont assez nombreuses, le traitement est au fond assez similaire.
Par exemple, le Alex du livre a 14 ans alors que celui du film a clairement plus de 25 ans. Chez Burgess, la représentation du viol n'est pas aussi importante, ni l'importance de la musique. Après, dans le film, les personnages sont généralement plus âgées, le passage en prison est plus "frappant" dans sa manière de guérir la violence, et surtout la fin diffère d'une version à l'autre, mais j'en laisse la surprise.
En lisant le livre, je m'attendais à être en territoire conquis, mais en fin de compte, j'ai énormément aimé le livre, car il demande des exigences, ne se laisse pas dompter comme son "héros", mais une fois commencé, c'est très intéressant à lire, et au fond assez frappant sur une certaine jeunesse, qu'on pourrait décalquer sur 2012.