Oups, une fuite ! Suite à des problèmes de plomberies, Augustin et ses amis, dont le jeune Licentius, avec qui il a déjà débattu dans le Contre les Académiciens, vont évoquer l'Ordre du monde et l'importance de la philosophie.
En effet, Licentius, plus attiré par la poésie que par la philosophie jusque là, va défendre l'existence de cause pour toute chose et, dès lors, d'un ordre du monde. Inspiré comme jamais, on assiste, dans ce dialogue, à une véritable conversion à la philosophie, qui est dans la suite des autres textes d'Augustin.
Le débat porte à la fois sur l'existence même d'un Ordre du monde, mais également sur sa conséquence la plus problématique : la justification de l'existence du mal. Comment le monde, s'il est ordonné, peut-il contenir du Mal ? Licentius va devoir affronter cela, plus inspiré qu'inspirant parfois mais souvent fort d'une sorte de bon sens premier, marquant ainsi un passage de l'art poétique à la philosophie.
Cette idée d'une valorisation de la philosophie prend son sens dans le long discours final d'Augustin, qui met en avant l'importance de certains domaines d'études, notamment la dialectique et la connaissance des nombres, le double chemin d'accès à la philosophie, lui-même permettant de connaître, via l'un, l'âme et Dieu, et une fois cela compris, dans une vie de bienheureux on perçoit parfaitement que nul mal n'existe dans le monde, simplement un regard trop limité. L'homme, pauvre créature mortelle, ne voit pas que dans l'ensemble de l'espace et du temps, aucun mal ne réside.
L'Ordre est en-cela un protreptique, là encore marque de fabrique de cette période d'Augustin. Le texte invite fortement à la philosophie, de manière parfois abrupte mais aussi très subtil.
Le texte, empli de vie, marque surtout par son point de départ et la conversion de Licentius, les personnages respirent la vie et la sincérité et Augustin témoigne, encore une fois, qu'au-delà de son génie philosophique, c'est un génie littéraire qui fut le sien.