L'Orientalisme par Emphiris
Edward Said a efficacement conceptualisé la construction de l'identité "orientale" apposée aux anciennes colonies européennes du Moyen Orient et de l'Asie comme étant une pierre angulaire de la formation d'une identité européenne.
A travers le portrait d'un Orient mystérieux, sauvage, animal, barbare et enfantin, l'Européen se perçoit comme progressiste et éclairé, porteur d'une civilisation à imposer par la force à cette masse informe que constituent ces colonies. A travers une connaissance prétendument complète de ces régions, le pouvoir dominateur occidental s'est exercé dans le but d'asseoir une exploitation rigoureuse des richesses disponibles.
La définition d'autrui permet la définition du soi, et ce faisant l'Occident, se présentant comme une entité cohérente, a appliqué ses structures d'analyse à des régions aussi diverses que la Palestine et le Maghreb, empaquetant d'un bel ensemble cet "arc de crise" repris par Bzrezinski.
De tout cela découle des discours qui ont façonné nos schémas de pensée occidentaux, notre géopolitique et bien sûr nos façons de faire actuellement la guerre. Nous "connaissons" le terrain géographique, mais qu'en est-il des peuples, langues, religions et coutumes ? Ils sont juste de simples barbares ne connaissant ni la démocratie ni les droits de l'homme, que nous nous devons de leur apporter en faisant usage de la force, avec moult discours justificatifs (Foucault, si tu es dans le coin...).
Bref, un très bon bouquin qui explose à la dynamite certaines conceptions ancrées depuis l'enfance (dans mon cas) et qui incite à une certaine réflexion sur les géographies de l'imaginaire, ces représentations spatiales créées de toutes pièces par les hommes, et qui influencent profondément notre façon (biaisée) de voir le monde et les relations internationales.