José Carlos Somoza n'était pas attendu sur ce terrain-là, celui du roman historique, lui dont l’œuvre s'est principalement construite sur des rivages fantastiques et par le biais d'intrigues ultra sophistiquées. L'origine du mal, avec son héros phalangiste, aurait presque) pu être écrit par Javier Cercas et, c'est forcément subjectif, il y a le sentiment que Somoza est moins à l'aise dans l'univers violent et réaliste de l'Espagne de 36 puis de l'Afrique du Nord, dans l'après-guerre et ses temps troublés, avant l'indépendance du Maroc et de l'Algérie. Le livre vire alors carrément au roman d'espionnage avec la confusion qui va avec. La construction de L'origine du mal obéit un schéma bien usé, celui du manuscrit qui tombe du ciel dans les mains d'un écrivain et qui déclenche une enquête de ce dernier. Somoza n'est pas un manchot quand il s'agit d'installer un suspense prenant mais si l'évocation du paysage éruptif des années 50 dans le Maghreb ne manque pas d'éclat, l'intérêt n'est pas toujours soutenu, à mesure que se met en place une histoire d'amitié et de trahison. La partie contemporaine, qui occupe notamment les dernières pages, multiplie les rebondissements, certains au-delà du crédible, et parvient cependant à susciter un brin d'émotion, contrairement aux pages qui ont précédé. Pour autant, à l'inverse d'un Cercas, encore, très convaincant quand il change de genre, avec le brillant Terra Alta, L'origine du mal laisse un peu perplexe quant à la capacité de Somoza à s'aventurer dans un nouveau genre. Vous voulez parier que son prochain livre marquera un retour à son domaine de prédilection ?

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le 12 oct. 2021

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