Jusqu'à la moelle... Ou pas.
"... trouble illicite, incitation au désordre et à la moquerie, pornographie et danger pour la jeunesse en pleine formation physique et morale " — jugement du 12 mars 1987 du tribunal de grande instance de Tarbes.
"blasphème, lubricité, provocation, paganisme, [...] et contenu incompatible avec le projet éducatif d'une école vouée au rayonnement de la parole du Christ" — arrêt du 30 avril 1987 de la cour d'appel de Pau.
A peine sorti, "L'os de Dionysos" s'est vu interdit à la vente. Une des dernières censures actées, fait assez exceptionnel qui n'a plus cours aujourd'hui mais qui ne doit pas nous faire oublier que la censure est toujours possible en France.
Lu jeune, peut être trop, "L'os de Dionysos" m'avait troublé, pas pour ses passages érotiques gentillets, (la scène d'ouverture dans la forêt est plus sujet à hilarité qu'autre chose quand on se la figure visuellement), mais pour le ton complètement outrancier narrant un carcan éducatif qui m'était totalement inconnu. A la relecture, il faut bien avouer que le livre date, profondément ancré dans une époque et un univers, ce collège privé assomé de dogmes chrétiens, qui n'a plus cours aujourd'hui (ou presque).
Il n'en reste pas moins que le style est réjouissant, d'une ironie acide, d'une agressivité fantasque, brillante. On suit les "aventures" et réflexions d'un jeune professeur de littérature anarchiste et jouisseur qui se débat, se moque et détourne toutes les règles qui se dressent contre lui.
Derrière le verni du scandale sexuel bien commode pour être propulsé sur le devant de la scène qui devient un brin lassant au fil de la lecture, "L'os de Dionysos" reste une charge violente contre un système pédagogique d'un autre temps qui se lit sans problème et procure quelques belles réflexions une fois la dernière page tournée.