En lisant ce tome et en repensant aux derniers King que j'ai lu, il m'est apparu que tous les auteurs et univers de fiction sont livrés avec une date de péremption. Ainsi je repense à la différence entre les vieux Spirou et Astérix dessinés par leurs auteurs d'origine et ceux qui ont été dessiné par les prédécesseurs qui sont nettement moins biens. Concrètement ça donne des tomes qui ne construisent pratiquement plus rien, qui se reposent un chouia trop sur les bases posées par leurs aînés, tournant un peu en rond et jouant même un peu maladroitement avec la nostalgie pour réveiller l'amour un peu endormi des vieux fans. La sauce ne prend jamais qu'à moitié, je veux dire qu'on a déjà tout vu, en mieux la plupart du temps et les nouveautés s'avortent d'elles mêmes par des gros coups de vieux, en bref on se retrouve avec un ouvrage pas folichon en terme de richesses scénaristiques
Les détracteurs de Stephen King ne voient en lui qu'un auteur de romans d'horreurs à la chaîne à la qualité plus que variable. Ce serait oublier que dans Shining on parle aussi brillamment d’alcoolisme, de relation parentale, maritale et filiale,... Oublier que Simetierre est un roman sur la famille et la faiblesse humaine face au deuil. Oublier que la Ligne verte est une vraie critique du système carcéral avec des personnages inoubliables. Bref oublier que chacun des romans forts de l'auteur avait sa propre dynamique, fonctionnant parfaitement en tant que roman indépendant des autres, bien sûr on pouvait observer quelques redondances dans les termes abordés d'un roman a l'autre mais c'était impossible de ne pas concéder que beaucoup dans le lot sont des chef d'oeuvre à qui la littérature fantastique doit beaucoup.
Et l'outsider est le pur roman dispensable qui pourrait donner raison aux haters. Il n'apporte malheureusement pas grand chose a la mythologie kingsienne. Au lieu de continuer sur sa lancee initiale et de nous offrir un thriller haletant où un innocent est accusé à tort d'un crime qu'il n'a pas commis et de nous rapprocher d'une critique sociale bien acerbe dans le style de les Apparences de Gillian Flynn, voilà que SPOIL ALERT
le dit coach meurt dès les 300 premières pages a peine.
Ainsi là où le lecteur se prenait logiquement d'empathie pour le personnage se souciant de comment allait évoluer son malheur ainsi que la suite de l'enquête, voilà que King nous recycle Holly Gibney une spécialiste des enquêtes paranormales là où attendait a la place un polar noir à la Ellroy par exemple. Et force est de constater que peu importe les attentes que pouvait avoir le lecteur vis à vis de ce gros bouquin de 800 pages il est très difficile de ne pas être déçu. C'est un peu la douche froide ce bouquin finalement car ni un bon polar ni un bon Stephen King.
Reste toujours le style toujours aussi prenant qui donne presque l'impression que le déroulement de l'enquête est encore intéressant, cela dit l'impression de lire un bouquin divertissant sans plus avec des personnages sans charisme ne nous lâche jamais complètement. On ne s'ennuie pas totalement mais l'intrigue reste creuse et superficielle, passe le temps tout de même pendant une période de confinement quand on a rien d'autre sous la main