Derrière ce qui apparaît d’abord comme une contrefaçon d’un roman de Dan Brown, taillée pour être le parfait bestseller ésotérique, se déploie au fil des pages une analyse méticuleuse et passionnante de la bible. La démonstration se tient admirablement, il n’ y a pas d’arguments ou d’extrapolations trop farfelus qui plombent en général ce genre d’entreprise. Le travail de documentation est indéniable, l’auteur va jusqu’à citer ses sources à chaque fois quitte à farcir son texte de références fastidieuses, et il n’échappe pas non plus à la tentation d’étaler sa science en utilisant régulièrement des mots en latin ou dans des langues exotiques pour faire mystérieux.
L’auteur a plus de mal quand il s’agit de développer son polar sur le plan littéraire, ce gros pavé de presque 500 pages se résume à des dialogues explicatifs 95 % du temps. Pour le reste c’est le minimum syndical : l’enquête est simpliste et sans surprise, les personnages sont des stéréotypes et leurs interactions sont franchement grossières, notamment lorsque l’historien drague lourdement la fliquette de service. Celle-ci devient un peu monocorde dans son rôle de bigote dogmatique, le personnage servant avant tout de « sparring-partner » à l’historien pour les besoins de la démonstration. Le twist tiré du chapeau tente bien de donner un peu de consistance à tout ça lors du final mais de façon tellement rushée que ça rend le truc encore plus factice. Bref il ne faut pas s’attendre à autre chose qu’un produit formaté sans autre ambition de style, ce qui n’empêche pas ce « debunkage » implacable et cette vulgarisation des exégèses kabbalistiques d’être captivants à suivre sur le fond.