Croyez moi, il ne faisait pas bon être noir dans le Tennessee des années vingt. C’est en suivant l’histoire du jeune Sydney que l’on redécouvre la force de la haine des blancs pour les noirs. Il faut dire que c’est dans cet Etat que le Ku Klux Klan, société secrète terroriste suprémaciste blanche à vu le jour en 1866. Le scénario de départ s’il ne brille pas par son originalité (on retrouve un postulat similaire dans La ligne verte), reste efficace. L’injustice, la violence nous explose à la figure alors que Sydney accusé d’un crime qu’il n’a pas commis voit sa famille se faire massacrer, dans des conditions inhumaines, il en restera profondément traumatisé. Un des adjoints du shérif pourtant lui sauve la vie en lui évitant d’être lynché et comprendre pourquoi a été un de mes moments préférés du livre. L’histoire nous fait voyager jusqu’à New-York au cœur de Harlem quartier noir par excellence. Les personnages secondaires sont nombreux et sont le fil rouge de l’évolution de Sydney, on y croise Robert Abbott fondateur de l’hebdomadaire afro-américain Chicago Defender. Tout le long du livre j’ai eu le sentiment que Sydney pouvait être une bombe à retardement et que certainement, il n’y aurait pas de happy-end. L’auteur met en place, méthodiquement ses pions et le jeu comme dans une tragédie n’a plus qu’à se dérouler sans que personnes n’y puisse rien changer. Une écriture sans pathos alors que les évènements relatés sont parfois à la limite de l’insoutenable. Mais aussi des moments de poésie pure notamment lorsque l’on traverse les générations et que la voix des ancêtres se fait entendre. Tous cela sur fond de blues porté par la voix de Bessie Smith, ambiance rétro assurée. Un coup de cœur pour ce roman qui apporte une surprise en lien avec l’art dans les « remerciements », je n’en dis pas plus, juste que cela apporte un éclairage nouveau sur le titre des chapitres qui étaient restés une énigme pour moi. Bonne lecture.
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