La belle amour humaine par BibliOrnitho
Sur l'île d'Haïti, dans un taxi. Anaïse, jeune occidentale se rend depuis Port-au-Prince la capitale dans le petit village de l'Anse-à-Foleur sur la côte tout au nord du pays. Une heure pour sortir de la ville à laquelle s'ajoute six heures de route. La jeune femme n'est pas une touriste ordinaire. Elle se rend dans le village dans lequel son père est né et où son grand-père paternel est mort vingt ans plus tôt dans l'incendie de sa maison. Pour chercher des réponses et pour tenter de cerner l'homme qui était son père et qu'elle n'a presque pas connu (il est mort alors qu'elle n'avait que trois ans).
Dans la première partie du livre (soit les trois quarts du roman), c'est Thomas le chauffeur (un homme du coin qui connaît tout le monde) qui parle à la jeune femme. Pas d'échange entre les deux personnages mais un long monologue de l'homme qui décrit la vie au village, ses souvenirs sur les habitants, leur quotidien, leurs coutumes. Il campe les notables (les grands-parents, le colonel (ami du grand-père), le chef de section, Justin le « philosophe » local...) Ainsi que les liens les unissant, leurs relations et doléances. Leurs défauts et leurs qualités. Petit à petit, le village qu'Anaïse n'a pas encore vu et vers lequel elle roule prend corps. Le lecteur devient un familier des habitants qui ne lui sont déjà plus inconnus. Le drame responsable de la mort du grand-père et du colonel se précise également même si Thomas veille à ne pas en dire plus qu'il ne le souhaite.
Ce livre est empreint d'une merveilleuse poésie. On sent les odeurs des tropiques, on sent le souffle des alizés. Une écriture « créole » qui me séduit et qui me rappelle celle de Dany Lafferrière et celle de Jacques Roumain. Un texte très dense (à un chapitre, un paragraphe) qui se lit pourtant sans peine : un texte très vivant qui se boit comme une boisson douce et sucrée.
Un très (très) bon moment de lecture : superbe !