C’est bien écrit (Lu en V.O.), les personnages sont attachants, le nouveau héros donne envie d'être suivi, c’est l’univers de la croisée des mondes, on recroise les têtes mythiques des anciens personnages, s’est agréable à lire et pourtant, en l’état, je trouve ce livre tout à fait dispensable.
Il est ce que la trilogie cinématographique du Hobbit est à la trilogie cinématographique du Seigneur des Anneaux, ce que Andromeda est à la trilogie Mass Effect. Une espèce de direct-to-dvd dans un univers connu. Pas nécessairement mauvais mais qui n’arrive pas à faire de l’ombre à l’origine de l’univers dont il s’inspire.
La faute, probablement, à un début d’aventure laborieux, et franchement répétitif, dans lequel le personnage principal passe les deux premiers tiers du bouquin à faire des allers-retours entre une auberge, un couvent et la maison de son mentor… plutôt inintéressant. On est quand même bien loin du multivers/spectre/dieu/Grand Nord/anges/Ours qui parle/couteau magique/sorcières imaginés dans la première trilogie.
Le deuxième problème provient, selon moi, de la déclaration de l’auteur lui-même : « La belle sauvage ne sera pas une suite de la trilogie, mais elle racontera d'autres histoires prenant place dans le même univers et concernant les mêmes personnages ».
Pour un livre qui ne prétend pas être une suite, je défie quiconque n’ayant pas lu la première trilogie de commencer par ce livre et d’en apprécier l’univers.
Comme dit plus haut, la plus grosse partie du bouquin ne propose rien de folichon (même si c’est bien écrit et même pas désagréable à lire en fait), mis à part l’apparition de tête connue mais à ce niveau-là, ça tient surtout du fan service. Impossible pour qui n’a pas lu la première trilogie de comprendre le charisme de Lord Asriel, la classe de la reine des sorcières (qui passait par là) ou la force du roi des gitans.
De premier bouquin de la « trilogie de la poussière », celle-ci n’est mentionnée qu’en bordure de récit. Rien de nouveau pour les anciens, tout a déjà été dit sur le sujet, et pas assez d’explications pour les nouveaux lecteurs. Bref, le cul entre deux chaises.
Je mets quand même 6/10. Surtout grâce à une dernière partie de livre réellement intéressante, qui ouvre quand même la porte à de nouvelles aventures.
A voir lorsque la nouvelle trilogie sera complète, mon opinion pourrait se modifier, mais en l’état, j’ai surtout l’impression que, derrière son style impeccable, Philip Pullman n’avait de matériel que pour une grosse nouvelle dans l’univers de la croisée des mondes qu’il a étirée pour en faire un bouquin complet.
Un bon moment mais pas un moment épique.