Katarina Bivald est en Suède une incontournable de la littérature "feel good" comme peuvent l'être Cyril Massarotto ou Barbara Constantine en France. Ce qui est intéressant dans La bibliothèque des coeurs cabossés, c'est que la jeune écrivain a mis sa jeune héroïne suédoise dans un microcosme de petit bourg de l'Amérique profonde,en Iowa,comme si une partie d'elle-même voulait s'aventurer sur un terrain de jeu inconnu. Pourtant les villes voisines de Broken Wheel (roue cassée) et Hope (espoir) existent vraiment dans cet état américain et Katarina Bivald s'est amusée à confronter leurs habitants comme dans les westerns d'antan où les petits bourgs se faisaient rivaux et se menaient la vie dure par convention.
L'histoire de Sara Lindqvist est celle de "l'étrangère" qui va réveiller une ville endormie par son petit train-train et ses postures. C'est beau puisque que la jeune suédoise au delà de sa solitude assumée et de ses propres appréhensions va prouver sa valeur et ses convictions. Le seul bémol est que Katarina Bivald ne veut pas exploiter la nationalité de son personnage principal féminin pour ne pas tomber dans les clichés.C'est tout à son honneur mais le lecteur aurait bien aimé que Sara fasse partager la Suède aux habitants de Broken Wheel au lieu de rechercher uniquement l'intégration ( qu'elle trouvera petit à petit).
La vraie ouverture, finalement, c'est celle que la jeune Suédoise partageait épistolairement avec Amy Harris avant son arrivée à Broken Wheel et le lecteur le constate avec les lettres de la retraitée qui s'insèrent dans la lecture. Ce sont aussi ces écrits qui la mettront dans le bain d'une communauté de coeurs cabossés,à son image, et où elle trouvera sa raison de vivre et plus encore.
Je ne m'étonne pas de voir que le roman de Katarina Bivald trouve un lectorat un peu partout dans le monde puisqu'elle défend des thèmes universels:l'acceptation,l'amour,la tolérance et le partage. Ses ondes positives nous accompagnent au fil des pages et nous font nous attacher à Tom,Grace,Caroline,John et aux autres. J'estime que la romancière suédoise a cependant plus de potentiel qu'elle ne veut le montrer ( même si un découpage de chapitres bien mené, un bon story-telling) et aurait les moyens de variations dramatiques plus ambitieuses. Il faudra alors la lire un peu plus tard pour constater si elle a fait un bout de chemin dans son écriture.
Pour se changer les idées, passer de bons moments, La Bibliothèque des coeurs cabossées remplit son rôle et nous fera dire à la dernière ligne: littérature "feel good", quand tu nous tiens. Par contre, les lecteurs avides d'une lecture riche en rebondissements et efficace ne pourront se contenter de cette ballade remplie de bonnes intentions et où il faut saisir les bons petits moments comme des étoiles filantes.Ce qui n'est pas évidemment une obligation d'adhésion systématique.

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le 1 août 2016

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