Voilà ce que j'appelle un vrai roman feel-good ! Quand la narration n'est pas une succession de poncifs de développement personnel et d'aphorismes rebattus inlassablement.
Malgré un titre qui peut faire craindre le pire en matière de guimauve, "La bibliothèque des rêves secrets" mérite vraiment son succès. Roman à tiroirs entre les pages duquel s'entrecroisent plusieurs destins de personnes en apparence ordinaires, le récit invite à changer notre regard très simplement et naturellement, ainsi que notre perception des gens et des événements qui parsèment l'existence.
A Tokyo, Sayuri Komachi est la mystérieuse bibliothécaire d'un centre social où elle conseille chaque lecteur en lui remettant une liste de lectures ciblées agrémentée d'un "petit plus", c'est-à-dire d'une recommandation ultime qui semble totalement hors-sujet par rapport aux besoins exprimés. Pourtant, c'est vers cette étrange oeuvre décalée, assortie d'un petit totem à feutrine confectionnée par Sayuri Komachi en personne, que les lecteurs vont instinctivement se tourner pour retrouver ou donner un sens à leur quête existentielle.
La narration est typiquement japonaise et aussi visuelle que si on lisait un manga. J'ai vraiment apprécié de me trouver en compagnie de ces Japonais assaillis par les doutes et les désillusions, comme il arrive à tout à chacun de l'être à chaque transition de vie. Le personnage de Sayuri lui-même fait irrésistiblement songer à des figures allégoriques dans la veine des films animés de Hayao Miyazaki et c'est un bonheur d'essayer de se la représenter mentalement. Cette conseillère aussi énigmatique que magnétique apporte au roman la petite note quasi fantastique indissociable de la culture japonaise qui est ici mise en lumière par les modestes actes quotidiens et les aspirations légitimes des protagonistes.
Difficile de ne pas se reconnaître dans les préoccupations et les émotions des personnages. Difficile également de ne pas se laisser emporter avec bonheur par les notes de nostalgie joyeuse liées à l'enfance et à l'innocence qui parcourent le récit sans jamais le rendre mièvre.
Une très jolie et poétique découverte.