14 mai. Cent quatre-vingt-sept jours sans sortir. Ca lui est tombé dessus comme ça, sans prévenir, un matin, il n’a pas pu franchir la porte pour se rendre au lycée. Incompréhension pour lui et ses proches qui se renouvelle chaque jour depuis. Démunis, ses parents ont chercher de l’aide, une thérapie à distance… un diagnostique a été posé : le syndrome de la cabane. Mais aujourd’hui est un jour particulier pour lui, un jour choisi au hasard sur le calendrier, mais le jour où il va tenter de sortir.
Mon premier jour sans sortir.
Le premier d’une série de cent quatre-vingt-sept.
Cochés sur un Post-it, puis deux, puis trois, tous collés sur le miroir de ma chambre. Quatre bâtons alignés et un cinquième qui vient les barrer, comme le faisaient les prisonniers dans les vieux films que je regardais avec mon père, le dimanche soir. (p.16)
Le syndrome de la cabane est une angoisse, une peur de sortir de chez soi. S’il se manifeste pour des raisons différentes, les symptômes sont les mêmes et consiste en un isolement social qui empêche le patient de sortir de chez lui. Pour ma part, je connaissais le mot japonais « hikikomori » pour désigner ses personnes qui vivent coupés du monde et des autres. Le phénomène reste assez récent chez nous et de nombreux cas ont été répertoriés suite à la pandémie de Covid-19 en 2020 à la levée du premier confinement.
Alors que notre jeune narrateur nous raconte ses inquiétudes liées à cette première sortie qu’il veut tenter, il revient sur les premiers instants, la première crise et nous parle des conséquences que cela a eu sur sa vie et celle de ses parents ; il nous dit sa culpabilité à voir sa mère pleurer, les vacances en famille annulées, sa rencontre avec Manon via les réseaux, qui a vécu la même chose, les objectifs mis en place avec sa thérapeute.
Peu à peu il apprend aussi à comprendre ce qui déclenche les crises pour tenter de cerner l’origine de son mal-être et pouvoir mieux travailler dessus pour enfin voir le bout du tunnel et reprendre le cours de son existence là où elle s’est arrêtée. Se dessine alors le portrait d’un adolescent de notre époque, qui se découvre un intérêt pour la musique, les vieux films et la lecture, un adolescent qui, comme bien d’autres, ne se sent pas bien dans le monde d’aujourd’hui et qui a peur de ce que l’avenir lui réserve.
Ludovic Lecomte s’attache à mettre des mots sur les émotions et ressentis de cet adolescent, prisonnier de ses angoisses. Le message est porteur d’espoir bien qu’il dresse un tableau assez sombre de notre monde en proie à des bouleversements écologiques, économiques, sociales ou encore politiques. Les émotions sont justes et offrent un regard sensible sur ce que de plus en plus de jeunes traversent.
En fin d’ouvrage, on trouve l’ensemble des œuvres citées au cours du récit : chansons, tableaux, films, romans… De quoi prolonger la lecture.