La force de La carte et le territoire est de ne pas en avoir. Le roman coule, doucement, surement. Il n'y a pas de surprise et l'auteur glisse lentement entre les genres, les chapitres. Pas d'émotions fortes pour le lecteur qui se laisse happer dans la narration.
Michel Houellebecq peint un portrait du monde artistique français : la littérature, la peinture, la photographie et l'architecture à petites touches. Jed, le héros est comme touché par la grâce. Malgré son passéisme, il transforme en or tout ce qu'il touche. Et comme Midas, il se retrouve seul. Mais même cette solitude ne déclenche pas la pitié ou la compassion chez le lecteur. Il peut-être un peu irritant, parfois. Mais pas plus. C'est comme ça. Et c'est tout.
Une surprise cependant : plus original que Jed, c'est le personnage de Michel Houellebecq et son terrible destin qui étonne. Une mise en abyme parfaitement réussie où l'auteur met en scène son double. Un double qu'il n'épargne pas, loin de là. Son triste destin laisse à se demander à quel point l'auteur, le vrai, ne souhaite pas finir comme son personnage. Finalement, c'est cette mise en page d'une schizophrénie qu'on retiendra.
Puis, comme Jed, on passera à autre chose.