Je suis un fidèle lecteur de John Grisham. L’auteur est devenu célèbre par ses romans à la trame judiciaire. Bon nombre de ses œuvres sont passionnantes. Certaines ont même donné lieu à des adaptations sur grand écran comme La Firme, L’affaire Pélican ou Non coupable. Mais l’œuvre de l’écrivain ne se résume pas à ce type d’ouvrage. Il a égalé produit un certain nombre de bouquins d’un genre différent, proche de la chronique. La chance d’une vie, sa dernière parution en France, semblait s’inscrire dans cet esprit.
Samuel Sooleymon a dix-sept ans. Il vit au Soudan dans un pays en guerre. Sa passion : le basket. Sélectionné pour un tournoi international, il se voit offrir la possibilité de vivre son rêve et d’aller jouer aux Etats-Unis. C’est le destin de ce jeune homme attachant que nous fait suivre cet ouvrage. Les ingrédients pour faire naitre une belle et grande histoire sont présents. Réussira-t-il ? Que va devenir sa famille ? Nombreuses sont les questions à accompagner son voyage…
La narration suit les pas de Samuel. La première partie de l’ouvrage se déroule donc en Afrique et nous fait partager le quotidien de cette famille modeste. L’écriture de Grisham décrit avec talent la vie de cette communauté et propose une immersion prenante et intéressante. Dans un second temps, on suit l’arrivé du héros aux États-Unis. Ses premiers pas dans le monde universitaire et dans une société aux codes tellement différents sont joliment contés. On découvre ce nouveau monde à travers ses yeux curieux et pétillants. Parallèlement, l’histoire nous plonge dans la vie de la famille de Samuel dans un camps de réfugiés. Là encore, l’écrivain propose une plongée dans un univers qui ne laisse pas indifférent, loin de là.
Le livre nous conte donc le destin d’un réfugié africain qui vit son rêve américain. On suit son parcours à partir du premier entrainement auquel il participe avec une sélection de joueurs de son pays. La dimension « conte de fée » accompagne une bonne partie de l’histoire. Ce n’est en rien gênant tant l’affection qu’on ressent à l’égard garçon est immédiate. Il est volontaire, laborieux, humble. Permettre à sa famille de le rejoindre est son seul but. Bref, le message est beau et joliment mis en situation par la plume de l’auteur.
L’essentiel du bouquin nous fait suivre Samuel aux États-Unis dans sa vie athlète universitaire. La période d’adaptation est joliment contée. La rencontre avec un nouvel univers, l’accueil bienveillant par ses pairs et leurs familles, son adaptation à un nouveau quotidien… J’ai bien aimé cet aspect. J’aurais d’ailleurs apprécié qu’il soit davantage détaillé et étoffé. Mais l’auteur a préféré consacrer une plus grande place aux performances du héros sur les terrains plutôt que ses pérégrinations en-dehors du gymnase. C’est un choix qui peut s’entendre même si je le regrette un petit peu.
La partie « basket » du bouquin est de mon point de vue la moins intéressante. Pourtant, il s’agit de mon sport préféré. Plusieurs bémols desservent cet aspect de l’histoire. Le premier est que la traduction manque de rigueur. En effet, les termes sportifs sont traduits mot à mot au lieu d’utiliser leurs équivalents utilisés au quotidien dans l’univers du basket. Cela m’a gêné et a freiné mon immersion dans les aventures sportives du héros. Néanmoins, cette faiblesse ne dérangera probablement pas les non adeptes de ce sport. L’autre bémol concerne la dimension répétitive des comptes-rendus de matchs. La succession de de description d’actions ou de paniers a eu tendance à me lasser. J’ai le sentiment que certains moments auraient pu être écourtés ou que des ellipses de certains matchs n’auraient pas été une grosse perte sur le plan narratif.
Parallèlement au destin américain du héros, l’auteur nous fait vivre le quotidien de réfugiés de sa famille restée au pays. J’ai trouvé cet aspect intéressant. J’ai appris des choses. J’en regrette plus que cette thématique n’ait pas été davantage approfondie. Mais il s’agit là d’un choix narratif qui s’entend complètement. Je me suis rapidement attaché aux proches de Samuel. Je me suis inquiété pour eux. Les épreuves sont nombreuses et rudes. L’absence permanente de tranquillité est bien transcrite.
Pour conclure, ***La chance d’une vie*** est un roman qui lit facilement et rapidement. La mise en place est efficace et les événements s’enchainent naturellement. Mon regret porte sur le manque de rebondissements ou sur un développement qui gagnerait à être parfois approfondi à certains moments. Néanmoins, l’attachement pour le personnage est immédiat et participe activement au plaisir de la lecture. Pour résumer, ce bouquin offre un agréable moment et c’est déjà une bonne chose…