La Chorale des maîtres bouchers par Nina in the rain
Il en est de certains auteurs comme de certains gâteaux : on n'en a jamais assez. On pourrait en lire tout le temps, on y pense même la nuit et on se relève pour en reprendre une lichette. Louise Erdrich me fait à peu près cet effet. Après avoir gardé la Malédiction des Colombes pas mal de temps dans ma PAL sous prétexte que c'était chez Albin Michel, je suis tombée sur le c..derrière en le lisant tellement ça m'a touchée et, surtout, captivée. Dès que j'avais cinq minutes, je l'ouvrais, je l'emmenais en pause clope et je l'ai terminé tard dans la nuit. Avec la Chorale des maîtres bouchers, même cause même effet. Je ne le lâchais plus. Non pas forcément que l'histoire soit prenante, ça ne raconte d'ailleurs pas grand chose fondamentalement, mais toujours cette peinture des personnages qui fait qu'on s'y attache presque instantanément.
Ici le récit flirte avec l'autobiographique puisque l'on pense reconnaître une partie de la famille de l'auteur dans certains des protagonistes de l'histoire. On reconnaît également en toile de fond le sort des Amérindiens, bien moins présent que dans la Malédiction des Colombes toutefois. Mais je le redis, ce qui compte ici n'est pas réellement l'histoire mais les relations entre les personnages, et la narration douce et dense de Louise Erdrich rend parfaitement ce mélange d'amour, de haine, de commisération et d'amitié qui hante à la fois ses ses héros mais aussi ses seconds rôles, qui apparaissent et disparaissent au gré d'une page et que l'on retrouve pour la majorité d'entre eux avec plaisir. Une fois de plus, comme j'en parlais dans le message sur Le Rossignol Vainqueur (lisez-le. Le livre, pas le message. Enfin, si, le message aussi) on a cette sensation d'accompagner ces gens sur un bout de route, de marcher à côté d'eux et rien ne peux plus me réjouir.
J'ai énormément de difficultés à écrire cet article car ce roman, qui m'a profondément plu, touchée, émue, remuée... je n'ai ni envie de vous le résumer vulgairement, ni envie de vous décrire plus avant Delphine, Fidelis, Eva, Roy, Markus ... La seule envie que j'ai c'est de vous persuader d'y jeter un coup d'œil, un peu comme à Nous étions les Mulvaney ou Les Raisins de la colère qui se déroulent pendant la même période et renferment le même type de force et de douceur. Pour le coup, si vous le lisez, parlez m'en !
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