Sur un monde où on ne trouve qu’un seul continent et où la terre tremble si souvent que la civilisation y est menacée en permanence, le pire s’est déjà produit plus d’une fois : la Cinquième Saison, de grands cataclysmes qui ont détruit les plus fières cités et soumis la planète à des hivers terribles, d’interminables nuits auxquelles l’humanité n’a survécu que de justesse. Les orogènes, qui possèdent le talent de dompter volcans et séismes, doivent se cacher pour éviter bannissement et lynchage. S’ils ont de la chance, ils sont remis aux Gardiens pour être entraînés de force au Fulcrum en vue de devenir des orogènes impériaux. Plusieurs siècles se sont écoulés quand un gigantesque tremblement de terre fracture le continent sur toute la longueur de l’équateur…


Premier tome d’une trilogie, La Cinquième Saison souffre d’une exposition extrêmement ardue. Le premier tiers du roman se situe à la limite de l’incompréhensible. Le chapitre introductif mélange les personnages, les époques, les concepts, le contexte géographique et historique, et on entre dans l’histoire déjà passablement interloqué, voire déboussolé. Le lecteur va alors suivre les trajectoires superposées de trois personnages, construction très classique, mais sans repères temporels ou narratifs qui permettent de les relier entre elles (les trois personnages sont féminins).


Il ne faudra donc pas hésiter à relire les premiers chapitres une fois le roman terminé. Car il faut absolument le terminer. Les pièces du puzzle s’imbriquent progressivement, mais promettent un tableau général fascinant. On s’attache irrémédiablement aux personnages, qui sont faits d’une étoffe riche et pleine de contrastes. Lentement mais sûrement, la magie opère, le rythme s’accélère, les liens se tissent et dessinent un récit haletant, émouvant, drôle (un peu), triste (beaucoup plus), et franchement impressionnant. Si le début du roman est très rugueux, la seconde moitié est brillante.


La Cinquième Saison a reçu le prix Hugo du meilleur roman en 2016, faisant de son auteure la première Afro-américaine à gagner ce prix. On perçoit d’ailleurs derrière les souffrances des orogènes l’évocation d’une société qui considère les femmes comme des objets à disposition des hommes, et les gens de couleur comme inférieurs par nature. C’est fait très finement, beaucoup plus ressenti dans le réalisme implacable de certaines situations que lourdement appuyé dans le récit. De plus, aucune victime consentante qui subisse ici les événements, mais des personnages qui tentent de résister, de survivre, et peut-être de changer un monde qui les écrase sous le poids de son angoisse.


N.K. Jemisin : La Cinquième Saison – 2015


Originalité : 4/5. Un univers vraiment fascinant.


Lisibilité : 4/5. Dommage ce début poussif et inutilement compliqué.


Diversité : 4/5. Trois angles différents pour trois parcours qui se rejoignent, on n’a jamais le temps de s’ennuyer.


Modernité : 4/5. Difficile de ne pas sous-titrer certaines évocations en regard de l’actualité.


Cohérence : 4/5. Elle met du temps à apparaître mais quelle maestria.


Moyenne : 8/10.


A conseiller si vous avez envie de vous réconcilier avec la fantasy. Ou si vous adorez la fantasy. Ou si vous n’avez aucune idée de ce qu’est la fantasy. Lisez-le, c’est tout.


https://olidupsite.wordpress.com/2020/12/17/les-livres-de-la-terre-fracturee-tome-1-la-cinquieme-saison-n-k-jemisin/

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le 11 mars 2022

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